
Paul Ladmirault (1877-1944)
Paul Ladmirault est un compositeur nantais prolifique, auteur d'opéras, ballets, musiques de cinéma et de théâtre, symphonies, mais aussi de musiques de chambre et de très nombreuses œuvres vocales. Son œuvre est notamment marquée par son attachement à la culture bretonne et celte.
Un talent pour la musique révélé dès le plus jeune âge
Né en 1877 à Nantes, Paul Ladmirault est élevé dans une ambiance musicale. Sa mère musicienne suit de près les débuts de la carrière de son fils. Révélant des dons musicaux précoces, il entre au conservatoire et étudie le piano, le violon, l’orgue. À 8 ans, il compose une berceuse pour sa mère.

Portrait de Paul Ladmirault et de sa mère
Date du document : Années 1880
À 11 ans, il écrit une sonate pour violon et piano qu'il présente au musicien nantais Bourgault-Ducoudray. Ce dernier réussit à convaincre ses parents, malgré leurs réticences, d'envisager le départ de leur fils pour Paris dès la fin de ses études nantaises.
Le premier succès public
À 15 ans, élève de seconde au lycée de Nantes, Paul Ladmirault profite de ses vacances scolaires pour composer son premier opéra, Gilles de Retz. Cet opéra en trois actes avec soli, chœurs et orchestre, est représenté à Nantes à la Salle des Beaux-Arts le 18 mai 1893 où il obtient un très vif succès. Suite à ce premier succès, il écrit à un ami : « Mon grand désir pour l'avenir serait de m'occuper uniquement de musique, de piocher ferme pour acquérir tout ce qui me manque. Je veux arriver à n'écrire que de la belle et bonne musique. Mes auteurs favoris sont Bach, Beethoven, Wagner et Berlioz. Mon ambition est de les imiter autant que possible dans leur manière d'écrire. Mais je reconnais trop tout ce qui me manque pour ne pas savoir qu'il me faut de longues années de travail et d'études pour arriver à écrire quelque chose de bien. »

Portrait de Paul Ladmirault jeune
Date du document : Années 1890
La formation et la carrière de Paul Ladmirault à Paris
En 1895, Paul Ladmirault part à Paris après avoir obtenu non seulement son baccalauréat mais les plus hautes récompenses au Conservatoire de Musique de Nantes. Il entre au Conservatoire de Musique de Paris où il est récompensé en 1899 par un premier prix d'harmonie à l'unanimité. Il y étudie également le contrepoint et la fugue.
En 1897, Paul Ladmirault fait son entrée dans la classe du compositeur Gabriel Fauré en 1897. Dans cette classe, il côtoie Florent Schmitt, Charles Koechlin, Maurice Ravel, Georges Enesco, Alfred Cortot, Roger Ducasse. Il y reste pendant sept ans.
Gabriel Fauré tient son élève en grande estime et souhaite sa réussite. Dans une lettre qu’il adresse à Ladmirault en 1900, le compositeur s’exprime ainsi : « Mon cher ami, vous êtes parmi les plus intéressants et je serai désolé de vous voir aux prises avec les tristes difficultés matérielles. Avez-vous beaucoup travaillé ? Je voudrais vous voir très souvent à la classe et je souhaiterais vous voir entreprendre une composition développée. Produisez beaucoup et vous me ferez un vif plaisir : vous êtes parmi les meilleurs. Votre bien amicalement dévoué. »
La carrière parisienne de Paul Ladmirault s’étire de 1900 à la Première Guerre mondiale. Durant cette période, la Société Nationale de Musique l'appelle dans son comité et s'empresse de révéler au public une grande partie de ses œuvres. Ces premières auditions sont suivies avec un vif intérêt et saluées par la presse spécialisée dans des articles élogieux.
En 1903, Paul Ladmirault écrit le Chœur des Âmes de la Forêt, composition pour chœur et orchestre, après un séjour en forêt du Gavre. Voici ce qu'écrit Claude Debussy à propos de cette œuvre dans la revue Gil Blas du 9 mars 1903 : « Le Chœur des Âmes de la Forêt de Monsieur Paul Ladmirault, dont la musicalité rêveuse et fine, comme un peu peureuse de se trop formuler, témoigne d'une vraie nature d'artiste. Que Monsieur Ladmirault prenne garde, on n'aime pas beaucoup les rêveurs à notre époque où l'on est si pressé d'arriver qu'on a inventé les automobiles. »
Le 12 septembre 1904, Paul Ladmirault se marie avec Charlotte de Saint Quentin. Le jeune couple part habiter à Paris.
En 1905, la Société Nationale de Musique donne la Suite Bretonne. Cette œuvre, écrite primitivement pour deux pianos, fait beaucoup pour la réputation naissante du compositeur nantais. Elle est particulièrement appréciée par Gabriel Fauré et Maurice Ravel.
Paul Ladmirault au cœur de l’enfer des tranchées
En août 1914, la France et ses alliés entre en guerre contre l’Allemagne. Parti de sa maison familiale de Kerbili en Camoël dans le Morbihan le premier jour de la mobilisation, Paul Ladmirault ne revient qu'après l'Armistice. Il établit une intense correspondance quasi quotidienne avec sa femme durant ses longues années de guerre. Durant ces quatre longues années, il suit son régiment, le 81e territorial, dans les tranchées et prend part aux combats. À Hebuterne, près d’Arras, il se bat pendant cinq jours consécutifs.

Portrait de Paul Ladmirault en tenu de Poilu
Date du document : 1914-1918
Sa nature délicate s'accommode mal de la vie des poilus. Sa correspondance, durant ces sombres années, est révélatrice de son état âme : « Je ne pense guère à la musique qu'avec regret, comme a une chose très lointaine ou a une personne chère défunte. […] La musique insinuante et tortueuse aux harmonies richissimes du magicien Debussy a cédé le pas à la pétarade de l'immortel 75. »
En 1917, sa compétence musicale est reconnue. Paul Ladmirault passe au 52e territorial et est attaché au théâtre de la 8e armée. Avec ses compagnons, il donne des représentations destinées à soutenir le moral des combattants. Au même moment, ses œuvres figurent toujours au programme des grands concerts parisiens. Les compositeurs de l’arrière offrent à leurs confrères du front le réconfort moral des exécutions publiques. Ainsi, le 22 juin 1916, salle Gaveau, Alfred Bruneau ouvre le premier « Concert des Mobilisés ».
Le retour en Bretagne
Après cette longue et pénible période d'absence, Ladmirault n'aspire plus qu'au calme et au silence pour se remettre passionnément à la composition. Il quitte Paris. L'abandon de la capitale lui fait perdre peu à peu la notoriété qu'il avait acquise.
Dès lors, sa vie s'écoule calmement en Bretagne, à Nantes et pendant les vacances à Camoël dans la demeure familiale, entouré de sa femme et ses cinq enfants. En 1920, il est nommé professeur de contrepoint, fugue et composition au Conservatoire de Nantes.

Carte de Professeur du Conservatoire de Nantes de Paul Ladmirault
Date du document : 1920
En parallèle de la création musicale, Paul Ladmirault possède une vaste culture littéraire. Cette érudition associée à une très haute compétence lui valent d’écrire de nombreuses chroniques musicales dans divers journaux ou revues, dont le Ouest-Éclair.
Une œuvre musicale qui met en lumière le folklore celte et breton
Dans son œuvre, Paul Ladmirault exprime son attachement à sa Bretagne natale ainsi qu’à la culture celte de l'Écosse et l'Irlande dont il aime les légendes, les dialectes et les mélodies populaires. Il soutient l'infériorité de la musique savante devant le folklore, libre de toutes règles d'écoles. Il est l’un des premiers compositeurs membre du Seiz Breur (les Sept frères), mouvement artistique celte breton d’entre-deux-guerres qui défend la culture et la création bretonne. En 1926, le compositeur crée La Brière, un poème symphonique plein de poésie inspiré du folklore breton. Cette œuvre est tirée de la musique figurant dans une adaptation cinématographique du roman La Brière d'Alphonse de Châteaubriant. La représentation qui en est faite à Paris aux concerts Pasdeloup est un immense succès. Ladmirault donne également vie aux mélodies populaires écossaises dans un recueil de dix chansons.

Carte faisant la promotion du poème symphonique « La Brière »
Date du document : Janvier 1925
Les dernières œuvres de Paul Ladmirault
Après 1930, l’artiste s'adonne surtout à la musique de chambre, mélodies, chœurs, quatuors vocaux. Il tourne alors ses regards vers le 16e siècle français. Il met notamment en musique les poésies d’Antoine de Baïf, une des figures de la Pléiade.
En 1935, Paul Ladmirault écrit Les Mémoires d'un Âne d'après le livre de la comtesse de Ségur, dans l’esprit de Pierre et le loup de Serge Prokofiev. Ses dernières œuvres sont un quintette à vent et piano, et trois remarquables sonates pour violoncelle, violon et clarinette et piano écrite en 1942.
Le 30 octobre 1944, le compositeur s’éteint dans sa vieille demeure de Kerbili de la maladie de Parkinson.

Demeure de Paul Ladmirault à Camoël (Morbihan)
Date du document :
À Nantes, plusieurs hommages sont rendus au compositeur dans l’espace public. En 1952, le conseil municipal donne le nom de Paul Émile Ladmirault à une place du centre-ville de Nantes. En 2008, une plaque est posée rue Malherbe sur la façade de la maison familiale. En 2011, il figure sur le Mur tombé du ciel peint de David Bartex.
Françoise Ladmirault
2024
Album : Paul Ladmirault
En savoir plus
Webographie
Pages liées
Tags
Contributeurs
Rédaction d'article :
Françoise Ladmirault
Vous aimerez aussi
Cité des Castors de l’Erdre
Architecture et urbanismeCastor tu peux chanter l’immortelle chanson Du charpentier solide et du hardi maçon Tu l’auras ta maison, payée de tant de peines. Tu l’auras ta maison, récompense prochaine. Et quand...
Contributeur(s) :Louis Le Bail
Date de publication : 08/04/2019
6785
Arsène Leloup (1803-1876) et René Bouhier (1842-1893)
Personnalité nantaiseLeloup-Bouhier. Deux patronymes attribués en 1935 à l’École professionnelle de commerce et d’industrie, implantée au 11, boulevard de Launay, pour honorer la mémoire de deux de ses...
Contributeur(s) :Nathalie Barré
Date de publication : 01/02/2023
1712
Ancien marché Lamoricière
Architecture et urbanismeLes familles qui fréquentent aux beaux jours le square de la place René-Bouhier peuvent-elles s’imaginer qu’au même endroit s’élevait autrefois un marché couvert ? Une petite halle...
Contributeur(s) :Philippe Bouglé , Jean-Claude , Nicolas ...
Date de publication : 06/01/2022
1827