Crèches
Avec la révolution industrielle, les nourrices ne sont plus assez nombreuses pour répondre aux besoins des femmes qui travaillent.
La charité au service des mères
Des initiatives privées, liées à l’activité de charité de congrégations religieuses, fondent en 1845, une « société des crèches », bientôt rebaptisée « l’oeuvre des crèches » de Nantes. Aidée et soutenue par la Ville, elle ouvre son premier établissement rue Notre-Dame, qui compte « 21 berceaux et 8 lits de camp ». L’année suivante, elle en crée une deuxième, dite de la Madeleine, rue des Olivettes. Une troisième, dans le Marchix, fondée par un autre particulier, rallie en 1848 l’organisation commune sous le nom de crèche de Saint-Similien. Enfin une quatrième, dite de Saint-Donatien, voit le jour en 1854.
Le personnel, à chaque fois composé de laïques et de religieuses, comporte une directrice ou surveillante, et deux ou trois « berceuses ». Les rapports annuels de ces établissements se félicitent avec régularité de l’organisation et de la salubrité des lieux, mais des rapports d’hygiène à la fin du 19e siècle montrent que les conditions d’accueil sont loin d’être seulement correctes. Les enfants y sont gardés jusqu’à deux ans et demi. Ces implantations sont rarement définitives, les crèches se contentent de locaux loués et changent quelquefois d’adresse sans changer de quartier. Elles sont extrêmement fréquentées, et en constante progression : on passe de 15 000 journées de garde en 1851 à plus de 35 000 en 1904. La faiblesse du coût y est pour beaucoup.
Crèches municipales et d'entreprise
Du fait de la dilution progressive de la charité, les budgets s’équilibrent de plus en plus aux seuls frais de la Ville, phénomène aggravé par l’irrégularité des subventions de l’État et du Département. En 1905 prend fin la « fiction privée » de ces établissements, fin accélérée par le contexte de la séparation des Églises et de l’État en 1905.
En 1908 le rattachement de la commune de Chantenay apporte à la ville de Nantes une grande crèche rue des Réformes, dirigée alors par la veuve du maire Édouard Normand. Parallèlement, d’autres structures se sont aussi développées au sein des entreprises comme celle de la Manufacture des tabacs dès 1861. Pour conserver leur main-d’oeuvre, elles proposent d’accueillir les enfants de leurs salariées. On peut citer l’exemple de l’entreprise Amieux en 1920, ou celui des Brasseries nantaises en 1930. En 1923, une société de secours mutuel, la Mutualité maternelle nantaise, installe une crèche dite « de la rue de Savenay ». Gérée ensuite par la Croix-Rouge, elle finit par rejoindre le giron municipal.
Dans l’entre-deux-guerres, d’autres installations sans lendemain se succèdent, comme la crèche garderie du Grand Blottereau (1924), la Maison de l’enfance de la rue du Roi Baco (1927) ou la crèche de l’ancienne Maison du marin (1933).
Crèche des Brasseries nantaises, mosaïque, rue de la Poignée
Date du document : 23-06-2012
Un programme social
Après 1945, il ne subsiste que celle de la rue des Réformes, vétuste, mal adaptée. En 1961, son rétablissement après démolition, au même emplacement, lance un vaste programme social municipal qui compte notamment la crèche de la Pilotière en 1966, et celles des Dervallières et de Michelet en 1971.
Inauguration de la crèche des Brasseries nantaises
Date du document : 19-06-1930
En 1990, la Ville opère un rapprochement avec le centre communal d’action sociale, héritier lui-même du bureau de bienfaisance consacré aux familles en difficulté. Aujourd’hui, près de la moitié des places en crèches restent le fait de crèches associatives ou parentales nées dans les années 1960 à 1970. Par le soutien qu’elles apportent indirectement à l’emploi féminin, les crèches constituent depuis presque deux siècles un levier économique de première importance.
Pierre Chotard
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)
En savoir plus
Bibliographie
Baumie A., L'assistance publique et la bienfaisance privée à Nantes : recueil général des oeuvres, institutions, associations qui s'y rattachent, Impr. du Commerce, Nantes, 1924
Kahn Claude, Landais Jean, « La vie des Nantais au quotidien – Les crèches », dans Nantes et les Nantais sous le second Empire, Ouest éd., Nantes, 1992, p. 225-226
Rostaing de Rivas, « Des établissements publics destinés à la première enfance à Nantes », Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure, 1849, p. 219-270
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Pierre Chotard
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