Les chasse-roues (ou bouteroues, ou chasse-moyeux) permettaient aux calèches et charrettes d’éviter que leurs moyeux accrochent un mur, en les remettant dans la bonne trajectoire. On les trouve à l’entrée des portes cochères, des parcs et des cours, au coin d’une rue ou d’un obstacle à éviter. Présents dès l’antiquité, en pierre brute ou de taille, ils ont souvent été réalisés en métal depuis le 19e siècle.

Rue Mathelin Rodier, une rue tracée au Moyen Âge
Date du document : 08-12-2020
Les portes cochères
L’utilisation des voitures hippomobiles était plus compliquée que celle des voitures d’aujourd’hui qui se suffisent de 12 m² et font marche arrière. Il fallait que la charrette, ou coche, puisse entrer dans une cour intérieure ou une remise, et fasse ses manœuvres. Il fallait avoir aussi un lieu d’abri pour la charrette et une écurie pour le ou les chevaux.
La porte cochère était le portail d’entrée de ces cours d’immeuble ou d’hôtel particulier, avec au minimum 2,60 m de largeur et 3,50 m de hauteur. Quand ont été réalisés les trottoirs, ceux-ci étaient abaissés devant ces portes, d’où le terme toujours en usage de « bateau ».

Chasse-roues haussmannien, rue de la Bastille
Date du document : 08-07-2016
Les voitures hippomobiles
Dans les zones urbaines de la ville de Nantes, à l’époque, plusieurs types d’attelage se côtoyaient : voitures à deux ou quatre roues, tractées par un, deux voire quatre chevaux, transportant des personnes ou des marchandises. On les désignait en tant que calèche, cabriolet, fiacre, diligence, tombereau, charrette, …
Toutes ces voitures avaient en commun des roues de charrette. Elles se composaient d’une jante de bois cerclée de fer, de 12 ou 14 rayons (appelés rais) et d’un gros moyeu de bois dépassant la jante d’une dizaine de centimètres.
En cas d’attelage mal maîtrisé dans les virages ou de chevaux récalcitrants, c’est l’angle de la porte cochère ou le coin du mur qui pouvait être dégradé, et le moyeu abimé. La manœuvre était particulièrement délicate pour les voitures à deux roues, qui avaient un rayon de braquage plus grand que les voitures à quatre roues, articulées comme le sont les semi-remorques modernes. La remise sur la bonne trajectoire grâce au chasse-roue était souvent brutale pour les passagers.
Positionnement des chasse-roues dans le cas des portes cochères
Souvent dans la continuité du mur de façade, ils pouvaient aussi être placés en totalité ou partiellement sur la rue. Cela dépendait du trajet d’approche de l’attelage et de son rayon de braquage pour franchir la porte cochère. Pour des voies larges ou en face d’une place, les chasses roues sont souvent alignés sur la façade. Mais pour les rues étroites, ils sont plus généralement positionnés sur la rue (aujourd’hui sur le trottoir), ou à cheval sur la rue et la façade.

Croquis représentant les positions des chasse-roues
Date du document : 12-2020
Autres lieux d’implantations de chasse-roues
• Les angles de rues, toujours à l’époque où il n’y avait pas de trottoirs, nécessitaient la présence de chasse-roues, et on en trouve encore quelques-uns aujourd’hui.

Rue Malherbe, un coin de rue à protéger
Date du document : 01-12-2020
• On en trouve aussi en cas de rupture de façade, d’une descente d’eau en façade, ou même pour protéger de longs murs droits ou courbe. Ils pouvaient aussi permettre au passant de se mettre à l’abri quand la ruelle était étroite.
Matières et formes des chasse-roues :
• En pierre dure (granit ou grès), semi brute ou taillée sous différentes formes : conique, trapézoïdale, carrée ou polygonale, suivant les finances du propriétaire.
• En métal, fer mis en forme d’arceau ou fonte de fer.
• Des formes géométriques simples ou esthétiques et décoratives, ou même originales comme des fûts de canon.

Croquis des principaux types de chasse-roues repérés à Nantes
Date du document : 12-2020
Traces de chasse-roues
Devenus obsolètes, avec les voitures modernes de moindre largeur et beaucoup plus maniables, certains ont été supprimés, subsistent parfois des traces de leur existence passée, reconnaissables au positionnement de trous béants ou rebouchés, et parfois de moignons.
Chasse-roues versions modernes
Avec le remplacement des chevaux nourris à l’avoine par ceux carburant aux produits pétroliers, et de plus en plus à l’électricité, ils sont encore utile sous forme :
• Soit de chasse-roues en inox passant sous la carrosserie pour protéger arbres et plantations, pour éviter de dépasser une certaine limite ou pour guider les véhicules dans une station de lavage.
• Soit de bornes, pour signaler au conducteur une interdiction de circulation ou de stationnement.
Les chasse-roues anciens, qu’ils soient rustiques ou sophistiqués, sont un petit patrimoine visible depuis le domaine public, à conserver, porteurs d’un parfum d’histoire qui nous rappelle l’époque où les transports se faisaient au rythme des chevaux martelant les pavés des rues et ruelles nantaises.
2020
Album Chasses-roues
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Contributeurs
Rédaction d'article :
Yves-Marie Rozé
Anecdote :
Yves-Marie Rozé
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