À la sortie de la guerre, le curé de la paroisse Sainte-Madeleine, Raoul Boutet, crée une colonie de vacances dans les Pyrénées afin d’emmener les enfants du quartier des Ponts à la montagne. Implantée dans la vallée d’Aure, cette dernière se déploie progressivement sur cinq villages afin de pouvoir accueillir chaque été plus de 1000 jeunes Nantais.
Photographie souvenir d’une excursion au sommet du pic de Montfaucon
Date du document : 07-1957
Photographie souvenir d’une excursion au sommet du pic de Montfaucon
Date du document : 07-1957
Au centre, l’abbé Boutet posant avec un groupe d’Isards au sommet du pic pyrénéen, à 2712 mètres d’altitude.
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Le 25 juillet 1945, 130 enfants découvrent le village d’Aulon, à moitié vidé de ses habitants et dans lequel les maisons abandonnées ont été aménagées pour accueillir les premiers colons. L'année suivante, 250 petits Nantais sont de l'aventure. Garçons et filles sont alors séparés : les garçons restent à Aulon, les filles sont accueillies à Gouaux. En 1947, l'effectif croît à nouveau avec 400 inscrits. Les adolescentes sont hébergées dans un troisième village : Lançon.
Carte de la vallée d'Aure publiée dans le catalogue de présentation de la colonie
Date du document : 1955
Carte de la vallée d'Aure publiée dans le catalogue de présentation de la colonie
Date du document : 1955
La colonie de vacances, forte de son succès progressif, s’étend sur cinq villages de la vallée d’Aure : Aulon d’abord, puis Gouaux, Lançon, Guchen et Ousten.
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Carte de la vallée d'Aure publiée dans le catalogue de présentation de la colonie
Date du document : 1955
La colonie de vacances, forte de son succès progressif, s’étend sur cinq villages de la vallée d’Aure : Aulon d’abord, puis Gouaux, Lançon, Guchen et Ousten.
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Mieux structurée, l’association Centre de Vacances d'Aulon établit son siège dans les locaux de la paroisse au 10, rue La-Tour-d’Auvergne. En 1948, afin de mieux organiser le ravitaillement, l’intendance générale, dénommée le Nid d'Aure, est installée dans un quatrième village : Guchen. En 1951, la colonie prend définitivement ses quartiers dans la vallée d'Aure avec l'ouverture d'un cinquième centre dans le village d'Ousten pour accueillir les plus jeunes garçons. Dix ans après sa création, l’augmentation continuelle des effectifs nécessite d’adapter chaque année les locaux dans les différents villages : acquisition de baraquements, de terrains et construction de nouveaux bâtiments.
Baraquements de la colonie de Gouaux
Date du document : 1955
Baraquements de la colonie de Gouaux
Date du document : 1955
Les enfants sont répartis entre les différents villages selon leur âge et leur sexe. Ici, les baraquement de Gouaux, au premier plan, accueillent les jeunes filles âgées de 7 à 14 ans.
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction soumise à autorisation
Les enfants sont répartis entre les différents villages selon leur âge et leur sexe. Ici, les baraquement de Gouaux, au premier plan, accueillent les jeunes filles âgées de 7 à 14 ans.
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Une expérience marquante pour les enfants du quartier
Chaque année, la colonie bénéficie de nombreux soutiens, financiers et logistiques, de la part de commerçants et artisans nantais, et plus particulièrement ceux du quartier. Ainsi, dans les années 1960, le transporteur Jean Ripoche, établi rue La-Tour-d’Auvergne, assure le transport du matériel de la colonie, tandis que La Grande pharmacie de la Madeleine, place de la République, fournit les produits pharmaceutiques.
En 1963, l’affluence exige la création de deux séjours d'été de six semaines afin d’accueillir près de 1300 jeunes. Cette expérience de la montagne marque beaucoup d’entre eux. Aussi la destination des Pyrénées devient un lieu de vacances pour de nombreux Nantais ayant découvert la région enfants, au cours de leur séjour à la colonie d’Aulon.
Photographie souvenir de colonie
Date du document : 1974
Photographie souvenir de colonie
Date du document : 1974
Ici, un aperçu du camp des adolescentes, où fraternité et musique s’assemblent à plusieurs centaines de mètres d’altitude.
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Le 5 octobre 1987, la rue Saint-Joseph devient la rue Abbé-Boutet (1914-1978), ancien vicaire de Sainte-Madeleine, « très estimé par les habitants de ce quartier et bien connu pour ses réalisations de centres de vacances. »
Nathalie Barré
Archives de Nantes
2022
Témoignage (1/5) : « Quand on a vu les montagnes, c’était magique ! »
En 1945, je suis partie en colonie avec l'abbé Boutet. Il disait que les enfants étaient fatigués et qu’ils n’avaient pas beaucoup à manger. On était nombreux à partir. Je ne sais pas si c'était une colonie réservée pour la paroisse Sainte-Madeleine mais...
Odile Guiho
Témoignage (2/5) : « Sur place, c’était vraiment sommaire »
Les premières années, on partait pour au moins quatre bonnes semaines. Comme on n’avait pas de valise, il fallait mettre nos affaires dans un tissu, comme un drap, avec notre nom dessus. Sur place, c’était vraiment sommaire. Les dortoirs, c’étaient des...
Odile Guiho
Témoignage (3/5) : « Même si ma mère travaillait, ça lui permettait...
On allait en vacances à la colonie d’Aulon dans les Pyrénées. Comme la vie était assez dure financièrement pour la famille, et que nous ne pouvions pas nous offrir de vacances, ma mère avait trouvé la solution : elle se faisait embaucher comme laveuse...
Nicole Badaud
Témoignage (4/5) : « C’était la vie de scout »
L’activité principale pendant les camps, c’était la marche. Des fois, on nous lâchait en moyenne montagne au-dessus de Gouaux pour faire un jeu de piste. On était par deux et on faisait tout un tour dans la montagne. Moi, j’adorais ça ! On devait avoir...
Anne Gicquel
Témoignage (5/5) : « Là-bas, je me sentais libre ! »
Les colonies d’Aulon, ça a été une expérience énorme, très formatrice, où l’on a appris l’effort. C’était génial pour des mômes ! Une très bonne école ! Pour moi, c’était la liberté parce qu’on se retrouvait seuls dans un village. On avait de l’espace...
Anne Gicquel
Témoignage (1/5) : « Quand on a vu les montagnes, c’était magique ! »
En 1945, je suis partie en colonie avec l'abbé Boutet. Il disait que les enfants étaient fatigués et qu’ils n’avaient pas beaucoup à manger. On était nombreux à partir. Je ne sais pas si c'était une colonie réservée pour la paroisse Sainte-Madeleine mais il y avait pas mal de filles qu’on connaissait. Il y avait garçons et filles mais pas ensemble. Bien sûr, à l’époque, pas question ! Même pour manger ! La première année, on avait mis du temps pour y aller parce que des ponts étaient encore coupés. On a dû partir le matin de bonne heure et on est arrivés dans la soirée à Arreau – Cadéac. De là, on est partis à Aulon à pied. Il a fallu faire 5 kilomètres ! On est donc arrivés de nuit. Et le lendemain matin, quand on s’est réveillés et qu’on a vu les montagnes, c’était magique ! La plupart n’y était jamais allé. Moi, c'était la première fois que je voyais la montagne.
Propos recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier des Ponts en 2019 dans le cadre de la collection « Quartiers, à vos mémoires »
Témoignage (2/5) : « Sur place, c’était vraiment sommaire »
Les premières années, on partait pour au moins quatre bonnes semaines. Comme on n’avait pas de valise, il fallait mettre nos affaires dans un tissu, comme un drap, avec notre nom dessus. Sur place, c’était vraiment sommaire. Les dortoirs, c’étaient des matelas par terre. Et pour la nourriture, ils faisaient ce qu’ils pouvaient. On était dans une ancienne étable. Derrière, il y avait encore les mangeoires. Alors ce qu’on n'aimait pas, hop, on le balançait derrière ! Évidemment, il n’y avait ni salle d’eau ni douche. Il y avait un petit ruisseau qui coulait dans le bas du village. On allait faire la toilette dedans mais comme c’était glacé, la toilette était très vite faite ! Quand on est rentrés, on a eu le droit à un décrassage par nos mères ! Pour l'encadrement, il y avait l’abbé Boutet avec des moniteurs et des monitrices. Je ne sais pas ce qu’ils avaient comme formation. Il y avait des adultes en tout cas. On faisait des excursions en montagne. Et des fois, c’était limite du point de vue sécurité...
Propos recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier des Ponts en 2019 dans le cadre de la collection « Quartiers, à vos mémoires »
Témoignage (3/5) : « Même si ma mère travaillait, ça lui permettait de changer d’air »
On allait en vacances à la colonie d’Aulon dans les Pyrénées. Comme la vie était assez dure financièrement pour la famille, et que nous ne pouvions pas nous offrir de vacances, ma mère avait trouvé la solution : elle se faisait embaucher comme laveuse ou cuisinière pour la colonie pendant les deux mois d’été. Et grâce à ça, on est allés à la colonie d’Aulon pendant une dizaine d’années. Même si ma mère travaillait, ça lui permettait de changer d’air.
Propos recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier des Ponts en 2019 dans le cadre de la collection « Quartiers, à vos mémoires »
Témoignage (4/5) : « C’était la vie de scout »
L’activité principale pendant les camps, c’était la marche. Des fois, on nous lâchait en moyenne montagne au-dessus de Gouaux pour faire un jeu de piste. On était par deux et on faisait tout un tour dans la montagne. Moi, j’adorais ça ! On devait avoir 12 ou 13 ans, on nous faisait confiance. Sinon, on montait dans un camp avec nos tentes, nos gamelles, le ravitaillement et à partir de là, on rayonnait. On faisait des petits sommets. On trimballait les guitares aussi. On était par groupe de dix, une dizaine par tranche d’âge. Et puis selon son âge, on faisait des « ascensions » différentes. C’était la vie de scout. On faisait à manger sur le feu de bois et on se lavait un peu dans le torrent.
Propos recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier des Ponts en 2019 dans le cadre de la collection « Quartiers, à vos mémoires »
Témoignage (5/5) : « Là-bas, je me sentais libre ! »
Les colonies d’Aulon, ça a été une expérience énorme, très formatrice, où l’on a appris l’effort. C’était génial pour des mômes ! Une très bonne école ! Pour moi, c’était la liberté parce qu’on se retrouvait seuls dans un village. On avait de l’espace parce qu’à Nantes, on était dans un appartement, et il ne fallait pas trop broncher. Donc, là-bas, je me sentais libre ! On était entre jeunes, on avait les guitares, on chantait, on faisait des boums, etc. Je pense que ça a donné le goût de la montagne, de la randonnée à beaucoup de gens. Ça fait quand même des milliers d'enfants qui sont partis sur 35 ans. Beaucoup de gens sont retournés vivre dans les Pyrénées. Et tous ceux que je connais y sont repartis marcher. Moi, j’y suis retournée plusieurs fois adulte. Et quand on va dans la vallée d’Aure, l’été, il y a plein de 44. Je pense que c’est à cause de la colo, parce que beaucoup de gamins nantais sont allés à cette colo.
Propos recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier des Ponts en 2019 dans le cadre de la collection « Quartiers, à vos mémoires »
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Bibliographie
Archives de Nantes, Le quartier des Ponts, coll. Quartiers, à vos mémoires, Nantes, 2021
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