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La Maison de l’apiculture, une renaissance patrimoniale

Date de publication : 08/01/2024

Il arrive parfois qu’une restauration paraisse étrange, tant le contexte a changé.


La  Maison de l’apiculture est un ensemble de trois édifices. L’édifice récemment restauré, en bordure du boulevard de Cardiff, fait partie de ces constructions que le temps et l’évolution urbaine ont reléguées pour les faire quasiment disparaître du paysage urbain.

Cet ensemble bâti, issu du domaine ou clos de la Hallée (à l’emplacement actuel du domaine des Oblates), reste imprécis quant à ses architectes. Connu anciennement sous le nom de domaine de la Baronnie, le lieu est acquis en 1801 par M. D’Haveloose, avant d’être racheté en 1822 par M. Panneton pour être réuni au domaine du Gay-Lieu (qui fut un temps la propriété des frères Crucy dont les chantiers navals se trouvaient en contrebas).

La maison principale, au nord, en arrière pourrait dater du 18e siècle. Les dépendances à l’ouest, plus tardives, sont construites entre 1834 et 1869. L’édifice restauré daterait de 1840 selon les matrices cadastrales, alors que la propriété appartient au négociant François Aimé Panneton.

Inaugurée en 1857, la ligne de chemin de fer Nantes/Saint-Nazaire, passe au milieu du lieu-dit « la Grenouillière », au ras de l’édifice, condamnant sont rez-de-chaussée par la création d’un talus.

Plus récemment, la création du boulevard de Cardiff, commencé au début des années 1940, suivie du report de la ligne de chemin de fer de Nantes/Saint-Nazaire un peu plus au nord en souterrain, modifie profondément l’environnement de la maison Panneton. Ces travaux entraînent un second exhaussement des terres et la démolition des maisons situées côté pair de la rue Bougainville. Ainsi isolé, dans un environnement profondément remanié, l’édifice devient une incongruité dans le nouvel espace urbain, jusqu’à se transformer en une ruine – presque romantique –, reprise par la végétation.

 

Travaux de voirie boulevard Bougainville

Travaux de voirie boulevard Bougainville

Date du document : 20-05-1946

Sa restauration récente, pilotée en 2023 par le Département bâtiment architecture travaux ingénierie immobilier (BATII) de la Ville de Nantes/Nantes Métropole, lui a redonné ses attributs d’antan. Protégé au patrimoine bâti nantais du PLUM, la restauration a été confiée à l’architecte du patrimoine Pierluigi Pericolo.

Les risques d’inondation consécutifs au rehaussement du boulevard de Cardiff empêchent malheureusement de restituer le rez-de-chaussée. Le compromis d’une cour anglaise est choisi.

L’architecte appuie sa restauration sur une similitude stylistique entre les dépendances à l’ouest de la Maison de l’apiculture et celles de la villa néo-palladienne clissonnaise de la Garenne-Lemot (construite à partir de 1811), s’inspirant elle-même de l’architecture et des paysages toscans. Cette « folie », en bordure de Sèvre, est commanditée par François-Frédéric Lemot, sculpteur prix de Rome. De style néo-palladien avec des communs de style « italien rustique », elle est essentiellement l’œuvre de Mathurin Crucy. Ensemble protégé au titre des Monuments historiques, cette villa sert de modèle régional et propage la mode des édifices d’inspiration « italianisante ».

Vue de la villa néo-palladienne clissonnaise de la Garenne-Lemot

Vue de la villa néo-palladienne clissonnaise de la Garenne-Lemot

Date du document : 16-07-2010

Le bâtiment restauré en est une illustration, dans une déclinaison plus « massive », éclectique, mais un peu plus noble que les communs en arrière. Il est caractérisé par une prédominance de forts encadrements et chaînes d’angles de tuffeau en gros bossages arrondis, inspirés des appareillages antiques (repris par exemple dans la Renaissance florentine), associés à des éléments en briques et un enduit rouge, restitué après une analyse fine des quelques traces restantes.

Vue de la maison de l’apiculture, côté boulevard de Cardiff

Vue de la maison de l’apiculture, côté boulevard de Cardiff

Date du document :

L’analyse patrimoniale aboutit à cette restauration d’un édifice qui détonne dans le paysage actuel, et dont on ne connaît toujours pas la destination d’origine. Objet définitivement atypique, il a le mérite de redonner une présence forte et originale à cet équipement de la Ville, dans le nouveau projet urbain en cours du Bas-Chantenay.

Direction du patrimoine et de l’archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole

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