Le Saint-Philibert : quand une sortie dominicale tourne au drame

Construit en 1923 aux Chantiers Dubigeon pour la compagnie des Messageries de l’Ouest, le Saint-Philibert est un petit bateau vapeur destiné au transport de passagers. Ce dimanche 14 juin 1931, il quitte Nantes avec plus de 500 voyageurs à bord – des travailleurs modestes et leurs familles – pour une excursion vers Noirmoutier.

L'aller se déroule sans encombre par temps clément. Mais au moment du retour, les conditions météorologiques se dégradent brutalement. Face à une mer très agitée, le capitaine hésite puis décide finalement de prendre la mer. Le bateau, n’étant pas conçu pour affronter les éléments, chavire. Seuls huit rescapés sont sauvés par les secours, laissant derrière eux 409 victimes. Parmi elles, on recense notamment les membres de l’Union des coopérateurs de Loire-Inférieure. De nombreux corps seront retrouvés, des semaines plus tard, sur les côtes.

Deux films conservés à la Cinémathèque de Bretagne témoignent de ce drame. Alfred Girault, imprimeur domicilié à Saint-Cloud, passe ses vacances à Pornichet à la villa La Giraudière. À l’été 1931, lors d’une promenade à Saint-Nazaire, il filme en format 9,5 mm l’épave renflouée, précédemment rapatriée au quai de la Gournerie, près du môle-abri.

Le second film est consacré aux obsèques de Henri Le Pouriel (1878-1931), qui périt dans le naufrage du Saint-Philibert. Réalisé par Émile Gaudu, ce documentaire suit l’enterrement laïc de celui qui fut artisan bottier et directeur d’usine à Fougères, syndicaliste et membre de la SFIO. Henri Le Pouriel dirige dès 1924 la plus importante structure coopérative de l'Ouest, L'Union des coopérateurs de Loire-Inférieure. En 1930, il crée également le comité des loisirs nantais de l'Union des coopérateurs de Nantes qui organise des visites de musées, des excursions.

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Cinémathèque de Bretagne
2025