1838-1839 : contrefaçons de conserves Colin
La réussite de Pierre Joseph Colin dans la fabrication de conserves, installé depuis 1824 rue des Salorges à Nantes, suscite d’autres initiatives. Et parfois des pratiques commerciales douteuses telle cette exploitation d’homonymie.
1838 à Nantes
Dans plusieurs journaux du début d’année 1838, un avis de Joseph Colin, fabricant de conserves au 9 rue des Salorges, signale « qu’une personne, habitant la même ville que lui, se permet, depuis plusieurs années, d’imiter les prénom et nom, formes, vignettes et marques des boîtes de son établissement. » Ces fabrications lui ayant injustement attiré des reproches, il en informe les négociants et précise qu’il a saisi le Tribunal de Commerce.
Quelques jours plus tard, alors qu’il réitère cet avis, un autre encart dans le même journal, signé de Joseph Colin, dont la conserverie est située place du Pilori, reconnaît son commerce mais se défend de vouloir imiter son homonyme. Il considère que ses produits sont aussi bons et n’induisent pas les clients en erreur.
Avis de Joseph Colin paru dans le Lloyd nantais en mai 1838
Date du document : 04/05/1838
Le 30 mai 1838, le Tribunal de Nantes tranche en faveur du Colin des Salorges, avis renforcé par un arrêt de la Cour Royale de Rennes le 21 juillet suivant. Lequel précise que Julien-Joseph-Marie Colin et François Deffès ont profité de la similitude de nom pour écouler des produits fabriqués par Deffès. Ils doivent retirer « Colin » des étiquettes ou l’associer au nom de Deffès et sont condamnés aux dommages-intérêts et aux dépens.
1839 à La Nouvelle-Orléans
Au début de l’année 1839, plusieurs avis de Joseph Colin de la rue des Salorges dénoncent une nouvelle malversation aux États-Unis. À la Nouvelle Orléans, des agents présentent la maison Colin et Deffès comme successeurs de Joseph Colin. Pierre Joseph Colin engage alors une action en justice et obtient gain de cause.
Avis de Joseph Colin paru dans le Lloyd nantais en juin 1839
Date du document : 04/06/1939
Qui sont les protagonistes ?
L’affaire est née de la rencontre, fortuite ou intéressée, entre le fabricant de conserves Deffès, en recherche de notoriété, et Julien Joseph Marie Colin, un ex-conducteur de diligence devenu épicier.
François Deffès « Jeune » ou « Cadet », est né en 1802 à Rieumes (Haute Garonne). Il est arrivé à Nantes en 1827 où il s’installe comme « confiseur ». Dès 1829, il tente des fabrications de conserves directement sur les lieux de pêche (Pen Bron, La Turballe ou Piriac) et démontre l’intérêt de ce choix. À partir de 1837, il développe la fabrication de conserves à plus grande échelle, à Nantes au Mont Saint Bernard, à Piriac, à Croix de Vie.
Julien Joseph Marie Colin est né à Quimperlé en 1785. Il est déjà domicilié à Nantes en 1814. Au moins jusqu’en 1826, il est conducteur de diligences puis recensé en 1834 comme « épicier en détail » place du Pilori. Son fils, Joseph Eugène Henri, prend sa suite.
Substitution d’étiquettes
Une autre affaire, plus limitée, avec usurpation de plaques de cuivre (ou « clinquants » ancêtres des étiquettes), avait opposé en 1835 les conserveurs nantais Millet-Cherreau et Bertrand. Même devenu « produit de masse », la conserve restera longtemps l’objet de contrefaçons.
Laurent Venaille
Association La conserve des Salorges à la Lune
2024
En savoir plus
Pages liées
Tags
Contributeurs
Rédaction d'article :
Laurent Venaille
Vous aimerez aussi
Ancien domaine de Grillaud
Architecture et urbanismeAu cours des siècles, le domaine de Grillaud fut la propriété de familles issues de la noblesse bretonne, puis de la bourgeoisie nantaise. Au 19e siècle, le terrain est morcelé pour...
Contributeur(s) :Philippe Bouglé
Date de publication : 05/01/2022
2449
Famille Schwob
Personnalité nantaisePar la qualité de leur engagement dans la vie intellectuelle et artistique, les différents membres de la famille Schwob jouent, collectivement et individuellement, un rôle de premier...
Contributeur(s) :Agnès Marcetteau-Paul
Date de publication : 05/09/2019
2403
Muguet
Géographie et biodiversitéÀ Nantes et dans ses banlieues maraîchères, l’approche du 1er Mai est un moment essentiel : la fête du Travail a pour emblème un brin de muguet, qui se vend entre 1,50 euro et 2 euros...
Contributeur(s) :Alain Miossec
Date de publication : 28/04/2020
3721