Quand un artiste se glisse dans la peau d’un animal au parc de Beaulieu
Pendant une semaine, le parc de Beaulieu a fait l’objet d’une expérience inédite : l’artiste Ronan Moinet du collectif Bruit vert s’est imaginé à la place d’un animal sauvage vivant dans ce parc en totale autonomie pour mieux comprendre son écosystème et questionner le rapport des Nantaises et Nantais à la nature.
Dans le cadre de sa politique culturelle, la Ville de Nantes favorise la proximité des artistes avec les habitantes et habitants par la promotion d’interventions artistiques et culturelles diversifiées dans les quartiers. La résidence artistique de territoires est l’un des dispositifs mis en place par la collectivité pour atteindre cet objectif. Aux côtés des habitantes et habitants ainsi que des usagères et usagers d’un territoire, les artistes explorent ce qui fait patrimoine pour un territoire à travers une lecture artistique et/ou scientifique de ce même espace.
« Beaulieu vivante » est l’une des résidences de territoire qui se sont déployées dans les quartiers nantais en 2025. Elle est portée par le Nouveau Pavillon aux côtés des collectifs À l’Envers et Bruit vert. Fondé en 2020 par Thomas Cochini et Ronan Moinet, ingénieurs agronomes de formation, Bruit vert mêle création artistique et écologie. À travers leurs œuvres et performances basées principalement sur le son, ils se questionnent sur notre rapport au vivant.
Pour cette résidence, Thomas et Ronan portent chacun un projet autour des non-vivants du quartier. Ils ont pour cela choisi d’explorer le parc de Beaulieu (ou Crapa), guidés par plusieurs questionnements : Quel est l’écosystème de ce parc public ? Pourquoi ce lieu est resté si sauvage par rapport au reste de l’Île de Nantes ? Quel est notre rapport au fleuve en tant que peuple de Loire ?
Dans le cadre de son cycle artistique « Postures », Ronan Moinet se glisse dans la peau d’entités non-humaines pour mener une expérience performative entre art et science. Pendant une semaine, jour et nuit, il s’est incarné dans un animal évoluant dans le parc afin de mieux comprendre « ce que ça fait d’être un animal sauvage dans une ville ». « J’aimerais que mon récit montre qu’au cœur d’une métropole comme Nantes il y a des traces d’un écosystème. Je pense qu’au fin fond de notre ADN est niché un rapport au territoire, au peuple de Loire. »
Pour mieux comprendre cet écosystème, il a installé un bivouac dans un arbre et a pris des notes sur son expérience. Il a ainsi observé les espèces animales qui peuplent le parc, parfois difficiles à observer : des rongeurs, des lapins, mais surtout de nombreuses espèces d’oiseaux, dont la présence se matérialise notamment par les sons. Se dessine alors un paysage sonore du parc permettant de mieux comprendre les interactions entre les sons des non-humains et la rumeur de la ville.

Corneille photographiée pendant l’immersion de Ronan Moinet au parc de Beaulieu
Date du document : Mars 2025
Mais l’artiste s’intéresse également aux humains et à leurs histoires. Les usagères et usagers sont nombreux à fréquenter ce parc, parfois quotidiennement, en tant que joggeurs et promeneurs. Il a ainsi croisé le chemin d’habitants vivant dans le quartier depuis des décennies, d’autres l’ayant quitté. Il a également observé les personnes issues de différentes communautés qui se rassemblent ici pour partager des moments conviviaux entre proches autour d’un barbecue : « C’est fou de voir toutes les langues parlées dans ce parc. » À travers cette immersion, Ronan a également constaté les conséquences de toutes ces activités humaines sur l’écosystème du parc : la pollution engendrée par les déchets abandonnés, le bruit généré par l’accrobranche, particulièrement nuisible pour les oiseaux...
Humains et animaux évoluent au final de concert dans un environnement que l’on trouve rarement dans un espace urbain et qui constitue son identité : celle « d’un cul de sac, d’une pointe d’île embrassée par la Loire ». L’une des observations ayant saisi l’artiste, c’est la manière dont on peut observer les mouvements de marée de la Loire depuis le parc de Beaulieu. La pointe de l’île étonne également par sa végétation laissée sauvage et fait s’interroger l’artiste sur le concept de « libre évolution ». Contrairement au reste du parc, cet espace situé sous le pont de la Vendée n’a pas été aménagé. Accessible au public, il est toutefois peu fréquenté par les usagères et usagers qui restent dans la zone balisée du parc. Cette confidentialité a permis l’essor d’un lieu de rencontre pour la communauté gay de Nantes.

Ronan Moinet en immersion au parc de Beaulieu
Date du document : Mars 2025
De ces prises de notes, Ronan Moinet a tiré un récit qu’il a présenté le 11 juillet dernier dans le cadre du GR artistique, un temps de restitution de la résidence « Beaulieu vivante » proposé au public. Ce temps de restitution a pris la forme d’une marche de 3 heures entre le Parc de Beaulieu et les constructions voisines. Elle fut entrecoupée de trois représentations : un spectacle musical de Thomas Cochini ; la conférence de Ronan Moinet ; le spectacle « Zone d’artivité » du Collectif à l’Envers.
Une seconde édition du GR artistique est programmée le mercredi 17 septembre à partir de 18h !
> Consulter le programme du GR artistique du 17 septembre
Si vous souhaitez soutenir le travail de Ronan Moinet, et découvrir le récit de son aventure, il est possible de le commander en cliquant ici
Ronan Moinet / Direction du patrimoine et de l’archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2025
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