À cette occasion, la Ville de Nantes et la Ligue de l’enseignement – FAL 44 ont coordonné la co-construction d’une programmation riche en animations avec les acteurs associatifs et éducatifs, les compagnies artistiques, les institutions et la Fondation pour la mémoire de l’esclavage. Tout au long du mois de mai, les Nantais sont invités à prendre part à une série d’événements qui ont pour objectif de transmettre l’histoire et les mémoires de la traite et de l’esclavage et de comprendre leur résonance aujourd’hui. Au programme, des animations variées mêlant histoire et expressions artistiques, et pour la plupart gratuites : expositions, restitutions de projets pédagogiques, projections de films, conférences, concerts, spectacles et visites guidées. Des documentaires, podcasts et émissions sont également à découvrir en ligne ou sur les ondes.
Parmi les temps forts de ces commémorations, une cérémonie officielle aura lieu le mardi 10 mai de 18h30 à 20h30. Le cortège partira du Palais de justice pour se rendre le Mémorial. Un jet de fleurs en hommage aux victimes de l’esclavage sera organisé sur la passerelle Schoelcher, et des jeunes prendront la parole pour s’exprimer sur l’esclavage et la traite.
Le 14 mai, une table-ronde-forum sera proposée au Château des ducs à 16h, salle du Harnachement. De nouvelles questions émergent sur la présence de traces matérielles dans l’espace public rappelant le passé colonial de la Ville : statues, plaques de rues… Comment aborder, avec et pour les habitants d’aujourd’hui et de demain, la question des mémoires qui habitent la ville et contribuent à en faire un espace véritablement commun ? Comment poser collectivement un nouveau jalon de la politique mémorielle nantaise donnant un sens partagé aux questions des mémoires dites sensibles dans l’espace public ?
En parallèle des témoignages d’expérience venant de Martinique et de Bristol, des jeunes engagés sur ces questions mémorielles s’exprimeront sur leurs démarches en présence de Johanna Rolland, maire de Nantes et Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage. Un film Un pas vers la mémoire, un pas pour s’engager ! retraçant le travail des collégiens et lycéens de Rosa Parks, Monge la Chauvinière et Nelson Mandela clôturera la rencontre.
> Pour connaître le programme, téléchargez le PDF en cliquant sur l'affiche ci-dessous.
> Retrouvez l’ensemble de la programmation sur le site du Mémorial de l’abolition de l’esclavage
> Visitez l’exposition « L’abîme » jusqu’au 19 juin au Château des ducs de Bretagne – Musée d’histoire de Nantes
> Pour en savoir plus sur l’histoire de la traite et de l’esclavage, consultez nos articles sur la traite négrière, la Marie-Séraphique, le Mémorial et les Noirs à Nantes.
Vers le classement Monument Historique de l’Imprévu et de la maquette de l’Emile Paraf ?
Avouons-le, quand on pense monument historique, on pense vieille pierre avant de penser patrimoine industriel ! Et pourtant !
Tout commence en août 2020, les chantiers de l’Esclain contactent la Maison des Hommes et des Techniques car ils ont entendu parler d’un plan de l’Emile Paraf, un remorqueur aujourd'hui renommé l'Imprévu, que la MHT conserverait dans ces archives. Des rencontres s’organisent et on commence à chercher des informations sur le navire dont la date de construction est alors inconnue, et sur son chantier de construction sur lequel on trouve des informations contradictoires. On parle aussi de la maquette de l’Emile Paraf, conservée à la MHT et dont on apprend petit à petit la riche histoire. Le chantier de l’Esclain monte alors un dossier documentaire pour que l’Imprévu fasse l’objet d’une restauration dans son état d’origine. La commission régionale du patrimoine et de l’architecture contacte la MHT afin que le navire et la maquette soit présentées ensemble pour une inscription au titre des monuments historique. Chose faite le 7 avril dernier. Par ailleurs un vœu de classement a également été émis. Ces avis seront proposés pour décision au préfet de région dans les prochaines semaines.

Maquette de l’   Emile Paraf   présentée à l’exposition   Bâtisseurs de Navires   à la Maison des Hommes et des techniques
Date du document : 2021
L’Emile Paraf (le remorqueur comme la maquette) est un navire intimement lié au port de Nantes et à ses industries. Le navire est construit en 1903 aux Chantiers de la Brosse et Fouché (futur Ateliers et Chantiers de Bretagne) de Nantes. Le port est alors en pleine extension et les chantiers construisent par dizaine des remorqueurs destinés à tirer les chalands transitant sur la Loire. L’Emile Paraf est commandé par les Fonderies et Laminoirs de Couëron et va remorquer des chalands de minerai de plomb jusqu’en 1955. En 1941-1942, une maquette de l’Emile Paraf est réalisée à partir de duralium (un alliage d’aluminium) récupéré sur les épaves des escorteurs le Fier, l’Agile et l’Alsacien, tout juste coulés par des bombardements alliés du port et des chantiers navals. La maquette est conçue comme un « mécano » et elle peut être montée et démontée à l’infini. Son montage et démontage permet aux apprentis des Ateliers et Chantiers de Bretagne d’acquérir le vocabulaire nécessaire à la chaudronnerie navale et de situer les éléments de coque les uns par rapport aux autres.
En 1955, avec la motorisation des chalands, l’Emile Paraf est cédé à un ferrailleur puis racheté par la Société Halgrain qui charge les chantiers Mérré de le remotoriser. Il perd alors sa cheminée à vapeur et ses superstructures sont refondues. Peut être est il rebaptisé Imprévu à ce moment-là. Il poursuit alors son activité aux sablières du pays de Retz jusqu’en 1978. En 1978, l’Imprévu est repris par les Etablissements Moreau-Arthon comme pousseur de chalands transportant du sable. Après le plomb, le sable, autre grande activité de l’estuaire !
Dans les années 1990, l’arrêt de la prise de sable en Loire fait cesser l’activité de l’Imprévu. Le navire est un temps prêté à l’ABPN (association des Bateaux du port de Nantes) avant d’être vendu au chantier de l’Esclain pour remorquer des péniches et des pontons. Il est mis à sec en 2017 après 104 ans de bons et loyaux services ! La maquette quant à elle est présentée à la Maison des Hommes et des Techniques dans l’exposition permanente « Bâtisseurs de navires ». Elle redevient alors outil pédagogique pour le grand bonheur des visiteurs et notamment des enfants.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’histoire de la maquette de l’Emile Paraf, cliquez ici.
Elise Nicolle
Maison des Hommes et des techniques
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