1955

L’usine des Batignolles protégée au titre des monuments historiques

Date de publication : 06/12/2022

Depuis le 3 août 2022, l’usine des Batignolles est inscrite au titre des monuments historiques, bénéficiant ainsi d’une protection patrimoniale délivrée par le ministère de la Culture. Après les grues portuaires, c’est le premier bâtiment industriel nantais à obtenir cette protection.


Depuis plus de cent ans, l’usine des Batignolles vit au rythme des activités industrielles qui se déploient sous ses vastes halles. Construite entre 1918 et 1919 par la Compagnie générale de construction de locomotives (Batignolles-Châtillon), elle est destinée à la fabrication de locomotives de 1920 aux années 1960. Onze nefs dédiées aux ateliers de mécanique et de chaudronnerie s’élèvent autour d’une nef de montage, du magasin et de la station centrale dans une logique d’organisation rationnelle de la fabrication. À proximité, s’ajoutent d’autres bâtiments et éléments nécessaires à la manutention : ponts roulants, bureaux d’administration et d’études, ou encore ateliers pour les apprentis. Autour de l’usine, des cités accueillent les ouvriers et leur famille : la Baratte, la Halvêque et le Ranzay. Composées principalement de maisons en bois, elles sont remplacées à partir des années 1960 par des logements collectifs.

Intérieur d’un atelier de l’usine des Batignolles

Intérieur d’un atelier de l’usine des Batignolles

Date du document : sans date

Cible privilégiée en raison de son intérêt stratégique, l’usine subit de lourds dégâts lors des bombardements de 1943 et 1944. Une partie de l’activité doit être délocalisée à Cholet. Dès 1943, l’entreprise est autorisée à reconstruire les bâtiments détruits. Au sortir de la guerre, l’architecte Charles Friésé est désigné pour suivre les travaux restants. Un monument aux morts, édifié après guerre près de la nef A, est dédié à la mémoire des ouvriers victimes des bombardements et à ceux qui ont été assassinés pour leur engagement dans la Résistance.

Depuis sa reconstruction, l’usine des Batignolles a connu des évolutions. En 1963, la société Batignolles-Châtillon fusionne avec la Société des Forges et Ateliers du Creusot (SFAC), toutes deux intégrées au groupe Schneider. Cette dernière devient le groupe Creusot-Loire en 1970 suite à la fusion du la SFAC et de la Compagnie des ateliers et forges de la Loire (CAFL), qui dépose le bilan en 1985. Suite à la cessation d’activités du groupe, certains bâtiments disparaissent entre 1985 et le début des années 2000 (bureaux, ateliers pour les apprentis, gare...). Malgré ces changements, les nefs subsistent, et certaines accueillent toujours des activités industrielles spécialisées dans l’aéronautique (société ACB et Aries Manufacturing) et les réfrigérants.

Intérieur d'un atelier de l'entreprise GEA Batignolles Technologies Thermiques

Intérieur d'un atelier de l'entreprise GEA Batignolles Technologies Thermiques

Date du document : 20-12-2013

L’usine des Batignolles présente ainsi un intérêt patrimonial multiple. Historique d’une part, par son ancrage dans l’histoire des deux guerres mondiales ; mais aussi, par sa place dans l’histoire industrielle nantaise, en tant que centre de production mécanique et haut-lieu de la vie ouvrière locale. D’autre part, cette usine est le témoin de l’identité d’un quartier qui s’est construit autour d’elle, en périphérie de la ville. En outre, elle présente un intérêt par son architecture et la notoriété des techniciens et architectes qui sont intervenus dans son histoire : le site forme un ensemble cohérent, bien qu’il soit exploité par plusieurs groupes industriels. Les Batignolles figurent également comme l’un des premiers exemples de bâtiment couvert par un voile de béton armé de faible épaisseur qui permet de conserver une certaine rigidité sur d’importantes portées, sans nécessité d’appui intermédiaire. Ce type de voûtement en béton précontraint réalisé au début des années 1920 par l’entreprise Limousin est à rapprocher du travail de l’ingénieur Eugène Freyssinet, directeur technique de cette entreprise qui réalisa par la suite des halles industrielles remarquables, notamment la halle des Messageries de la gare d’Austerlitz inscrite au titre des monuments historiques. Plus récemment, deux architectes ayant marqué l’histoire locale sont intervenus sur l’usine après-guerre : Charles Friésé et Roland Bechmann.

Site des Batignolles

Site des Batignolles

Date du document : 25-04-212

Pour ses raisons, l’État, en lien avec les collectivités locales, les associations patrimoniales attachées à la protection du site et les propriétaires actuels, a inscrit au titre des monuments historiques la majeure partie de l’usine des Batignolles : 10 nefs dont 3 protégées en intégralité et les autres pour leurs façades et toitures, les 3 bâtiments en sheds situés entre les nefs, les portiques extérieurs, un pont roulant intérieur, les façades et toitures du centre de documentation ainsi que le monument aux morts. Cette protection permettra d’encadrer et d’accompagner les travaux de restauration et d’entretien, dans un souci de préservation architecturale et mémorielle.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la démarche de protection de l’usine des Batignolles, vous pouvez consulter l’article de Solen Peron-Bienvenu, chercheuse à la Direction des Affaires Culturelles qui revient sur ses travaux de recherche dans le tome 157 du bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique.

> En savoir plus sur la protection au titre des monuments historiques
> En savoir plus sur l’histoire des Batignolles

Direction du patrimoine et de l’archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole

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