Récit de la restauration du monument au général Edmond Buat

Sur la place du 51^e-Régiment-d’Artillerie s’élève le buste sculpté d’Edmond Buat. Lieutenant-colonel au début de la Première Guerre mondiale, il gravit les échelons jusqu’à accéder au grade de chef d’état-major de l’armée en 1920. Si le nom de cet officier général est peu connu, nous lui devons pourtant un précieux témoignage sur la Grande Guerre ; dans son journal, il a consigné ses mémoires de 1914 à sa mort en 1923. Suite au décès d’Edmond Buat, Nantes apparaît comme une ville de choix pour accueillir un monument en son honneur ; cet ancien élève du lycée de Nantes (actuel lycée Clemenceau) a été inhumé en grande pompe au cimetière Miséricorde.

Le monument que l’on connaît aujourd’hui est réalisé par les sculpteurs Max Blondat et Paul Landowski. Le buste ressemblant est adouci par une esthétique Art déco, qui caractérise également le haut piédestal en pierre, orné d’un bas-relief figurant un militaire à l’antique. Le monument est inauguré le 10 juillet 1927 square Saint-André (actuel square du Marquis-de-Saffré). En septembre 1932, les travaux de détournement de l’Erdre obligent sa dépose. Un nouvel emplacement lui est trouvé sur la place du 51^e-Régiment-d’Artillerie, située le long de la rue du Général-Buat, voie rebaptisée en l’honneur du chef des armées en 1927.

Dans le cadre de la reconversion du site de la caserne Mellinet, Nantes Métropole initie les travaux de réaménagement de la place du 51^e-Régiment-d’Artillerie en juin 2023. Le nombre de stationnements est réduit pour laisser davantage d’espace aux piétons et aux cyclistes. Agrémentée d’arbres, la place est dotée de mobilier urbain pour en faire un lieu de détente et de rencontre au cœur du quartier. Elle est également conçue de manière à permettre à l’eau de s’infiltrer dans le sol afin d’alimenter les végétaux et les nappes phréatiques. En parallèle, un bassin paysagé contribue à la récupération des eaux de pluie.

Ces travaux rendent nécessaire la dépose du monument de 3,5 tonnes. La Ville de Nantes saisit cette opportunité pour le restaurer. Recouvert d’algues et de lichens, il est empoussiéré et encrassé. L’œuvre est déposée le 20 juillet dernier par le tailleur de pierre Pierre Bertrand et sa restauration confiée à Florian Gaget et Jeanne Thibaudeau, conservateurs-restaurateurs d'œuvres sculptées.

Lors de la dépose, le monument est divisé en trois blocs : la base, le fût central et le buste du général Buat.

Un biocide est appliqué durant trois à quatre semaines sur la pierre afin de tuer les micro-organismes responsables de sa dégradation. Dans la foulée, les lichens et algues sont retirés manuellement à l’aide de spatules en bois pour ne pas rayer les surfaces. La restauration se poursuit avec un nettoyage par micro-gommage (projection d’abrasif) visant à rendre aux pierres leurs couleurs d’origine. Une fois cette opération effectuée, un nettoyage permet d’améliorer la lisibilité des inscriptions gravées.

Pierre Bertrand supervise ensuite la repose du monument. Une feuille de plomb a été mise en place entre le sol et la base en pierre afin de limiter la remontée d’humidité par capillarité. Pour finir, seuls quelques bouchages permettant d’améliorer la lisibilité de certains motifs en relief et inscriptions gravées ont été effectués. En effet, la restauration n’avait pas pour but d’éliminer l’ensemble des éclats, impacts et zones érodées.

Pour aller plus loin, découvrez la restauration du monument au général Buat en vidéo :

Direction du patrimoine et de l’archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole