La « bouche des malheurs qui n’ont point de bouche » : des fictions audio documentaires donnent la parole aux personnes esclavisées
Durant l’année scolaire 2024-2025, des élèves du lycée Albert Camus de Nantes ont mené des recherches sur les personnes esclavisées ou affranchies de passage à Nantes au 18e siècle. Ce travail a abouti à la création de fictions audio documentaires à découvrir dans cet article.
Comment s’appelle la jeune fille représentée derrière Marguerite Deurbroucq sur le tableau de Pierre-Bernard Morlot conservé au musée du Château des ducs de Bretagne ? D’où vient-elle et comment vit-elle sa servitude à Nantes en 1753 ? A-t-elle seulement existé ? Combien sont-ils, esclavisés, sans identité et sans voix, dans les rues de Nantes au 18e siècle ? Comment leur présence est-elle possible malgré « le privilège du sol de France » ? En somme, comment faire entendre les femmes et les hommes, esclavisés ou anciennement esclavisés, de passage à Nantes au 18e siècle ?
C’est l’objectif que les élèves de seconde 6 du lycée Albert Camus de Nantes ont poursuivi, à travers un parcours pluriel de visites et d’études réalisé entre septembre 2024 et mai 2025, en collaboration avec une classe de terminale option Droit et Grands Enjeux du Monde Contemporain. Ils ont rédigé et mis en voix des fictions documentaires, à partir des traces trouvées dans les archives départementales sur Augustin, César, Isidor, Jamson, Jasmin, Joseph, Maran, Marguerite et Pierre, Mercure, Minerve, Nautois, Victoire. La création sonore, intitulée « La bouche des malheurs qui n’ont point de bouche », d’après les mots du poète martiniquais Aimé Césaire (Cahier d’un retour au pays natal, p.22), est l’aboutissement de ce travail collectif, mené en partenariat avec Lucie Monziès de la Compagnie Rouge Delta. Elle a été diffusée en mai 2025, lors d’une séance publique dans le cadre du mois des commémorations de l’esclavage, de la traite et des abolitions. Elle est conçue comme un hommage, pour celles et ceux dont l’histoire nantaise se souvient guère.
Partenaires scientifiques et artistiques : Compagnie Rouge Delta, Association Makiz’art, Maclarnaque, Château des ducs de Bretagne, Archives départementales de Loire-Atlantique, Cinéma Le Concorde, Samuel Sanchez (MCF Histoire Paris I), Mémorial de l’abolition de l’esclavage, Association Métisse à Nantes, Ville de Nantes (Direction du patrimoine et de l'archéologie)
Les élèves de seconde 6 : Abdel Aziz, Ahmed, Assia, Bocar, Chahinez, Chiraze, Elia, Eliott, Elyès, Enola, Inès, Ismaël, Louise, Lyhona, Malo, Mamadou, Marie-Célèste, Maomé, Myla, Nassima, Nino, Noa, Noam, Raphaëlle, Smaïn, Théa, Vakha, Yassine, Zoé.
L'équipe enseignante : Bérangère Chaumont (professeure de français), Anna Gabily (professeure d’histoire-géographie), Frédérique Krupka (professeure de droit), Magali Ouisse (professeure documentaliste).
Financements : Ville de Nantes, Rouge Delta, Région des Pays de la Loire, Lycée Albert Camus, Adage.
Lycée Albert Camus
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