De nouvelles « histoires de statues » à découvrir dès maintenant !
Le Voyage à Nantes édite une version augmentée du livret Des histoires de statues en collaboration avec la Direction du Patrimoine et de l’Archéologie de la Ville de Nantes.
L’envie d’écrire Des histoires de statues s’est imposée avec l’installation éphémère dans l’espace public des quatre allégories du monument à Adolphe Billault proposée par le Voyage à Nantes pour son événement estival de 2023.
Ces œuvres en fonte de fer peinte du sculpteur nantais Amédée Ménard n’avaient pas été exposées aux yeux du public depuis 1872 ! À cette date, deux ans après le « grand homme » qu’elles entouraient initialement, ces figures de femmes symbolisant la Justice, la Jurisprudence, l’Histoire et l’Éloquence avaient, elles aussi, été déposées avant d’être stockées. Le monument à Adolphe Billault, un dignitaire du Second Empire aujourd’hui oublié par la plupart, avait eu une vie dans l’espace public exceptionnellement courte. Inauguré le 15 septembre 1867, la Ville avait décidé son déboulonnage dès le 5 septembre 1870. Au lendemain d’événements politiques en chaîne – défaite de la France face à la Prusse à Sedan, reddition de l’armée et chute du Second Empire – l’agitation politique faisait craindre de possibles actes de vandalisme … Sans doute ce choix était-il aussi conforme aux opinions du maire républicain de Nantes, René Waldeck-Rousseau, qui avait relayé dès le 4 septembre la proclamation de la IIIe République.
Monument à Adolphe Billault
Date du document :
150 ans après leur dépose, les allégories, épargnées par les fontes de la Seconde Guerre à la différence de l’effigie en bronze de Billault, ont ainsi été présentées aux Nantais qui ont pu apprécier leurs belles qualités plastiques le temps d’un été…et découvrir leur histoire mouvementée.
Raviver en 2023, le souvenir de ce déboulonnage aux raisons politiques évidentes pouvait susciter une certaine confusion. Le monde anglo-saxon – et le monde à sa suite – était en effet traversé depuis quelques années par une vague de déboulonnages de statues, visant en particulier les figures majeures du colonialisme et de la traite Atlantique. La Ville de Nantes ayant choisi depuis des années de s’engager dans une démarche d’histoire et de mémoire pour n’escamoter aucune trace de son passé, il sembla pertinent de mettre à la disposition de tous un outil pédagogique qui présente les femmes et les hommes honorés par des monuments dans la ville, et remette en contexte les motivations de ces hommages publics. Le Voyage à Nantes, qui consacrait son édition 2023 aux statues de la ville, proposa d’éditer cet outil.
Une première version de ce livret accompagna donc la redécouverte des allégories du monument à Billault et l’installation d’œuvres d’Olivier Texier et Philippe Ramette inspirées par la statuaire publique nantaise. Elle est complétée cette année à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine et du Matrimoine. Cette nouvelle version réunit l’ensemble des monuments honorant des femmes et des hommes installés peu à peu depuis le début du 19e siècle dans l’espace public de la ville de Nantes.
Son écriture a nécessité de se replonger dans l’histoire de chacun d’eux. Un retour systématique aux sources était indispensable. Les archives municipales, départementales et nationales nous ont renseignés sur les initiatives qui les avaient vu naître, les fortunes variables de leur financement ou encore les circonstances de leur inauguration. Les personnes réunies et les discours prononcés à cette occasion sont souvent éclairants quant aux raisons de leur implantation sur le territoire nantais, aux valeurs qu’elles portent et à la manière dont la ville s’approprie leur histoire. Témoins de l’évolution de l’opinion de ses édiles et de ses habitants, jalons du récit de la ville qui se tisse et se modifie dans la durée, ces statues constituent aussi des étapes de l’intégration progressive de l’art dans la ville.
Statue d’Anne de Bretagne (1477-1524)
Date du document : 1822/1896
En tant qu’œuvres d’art, ces monuments qui sont des propriétés de la Ville ou lui ont été confiés en dépôt imposent un entretien attentif. Le code de la propriété intellectuelle établit en effet que le propriétaire ou le dépositaire d’une œuvre est responsable de sa bonne conservation, en lien avec l’artiste auteur de l’œuvre ou de ses ayants-droits. À cet effet, la Ville a élaboré cette année un protocole de gestion de sa collection d’œuvres d’art présentée dans l’espace public. Exposées aux intempéries, aux variations climatiques, à la pollution atmosphérique et aux actes de vandalisme, elles se dégradent principalement par manque d’entretien. En effet, si les infiltrations d’eau, les usures de surfaces, les graffitis ne peuvent être évités, les dégradations qui en résultent peuvent néanmoins être maîtrisées par un entretien régulier. Ce dernier nécessite un suivi exigeant mais il permet d’éviter des interventions de conservation curative plus interventionnistes et plus coûteuses... Le protocole de gestion mis en place adopte donc une logique d’entretien durable.
Repose du buste d’Edmond Buat sur le fût central après restauration
Date du document : 20-07-2023
Un préalable incontournable de ce travail est la valorisation de ces œuvres. L’édition 2023 de l’événement estival du Voyage à Nantes a constitué un moment fort du « dévoilement » de cette collection dont la présence familière occultait souvent l’intérêt et assurait paradoxalement l’oubli. Puisse ce livret poursuivre la valorisation et l’appropriation de ce bien commun.
> Consulter le livret en ligne
Direction du patrimoine et de l’archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
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