Une publicité pour une quincaillerie nantaise retrouvée dans un brevet de pilote japonais !

Écrit par un membre de l’Association Aéronautique du Japon, ce message nous fait part d’une découverte pour le moins insolite : l’association a retrouvé un carton publicitaire pour un commerce nantais dans leurs archives, vraisemblablement recyclé pour concevoir la licence de Yoshitoshi Tokugawa, l’un des tous premiers pilotes d’avion japonais. Cette publicité évoque la quincaillerie et carrosserie Félix Biette installée sur l’île Feydeau.

Né le 24 juillet 1884, Yoshitoshi Tokugawa est membre du clan Sho-gun et petit-neveu du dernier sho-gun, Yoshinobu Tokugawa. Il est diplômé de l'Académie de l'Armée Impériale Japonaise en 1903 et a le grade de capitaine d'armée lorsqu'il est envoyé en France pour maîtriser l'art de l'aviation en 1910. C’est à l’école de pilotage Farman qu’il réalise sa formation. Il réussit l'examen de licence de pilote au camp de Châlons, terrain d'exercices de l'armée française. En décembre de la même année, il effectue avec succès un vol de démonstration à Yoyogi, Tokyo, avec son collègue pilote de l'armée, Kumazo Hino. Après cela, Tokugawa travaille pour améliorer l'aviation de l'armée japonaise jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Son dernier grade est celui de lieutenant général. Après la Seconde Guerre mondiale, il connaît des jours paisibles jusqu'à sa mort le 17 avril 1963 à l'âge de 78 ans.

Grâce aux Archives de Nantes et à Arnaud Biette, descendant de Félix Biette et président de l’association Entreprise et patrimoine industriel, nous avons pu en apprendre plus sur cette quincaillerie-carrosserie donnant sur le quai Turenne. Félix Biette a vécu de 1855 à 1922. Il est le frère d’Alexis Biette, connu à Nantes pour être le fondateur de la savonnerie et parfumerie Biette. L’entrepreneur reprend la plus grosse quincaillerie de Nantes appartenant à M. Douaud (fondée en 1840) vers 1882-1884 et s'associe à Joseph Réaume en 1897. Biette et Réaume collaborent jusqu’en 1910, année durant laquelle Réaume reprend seul la quincaillerie. Le commerce reste en activité jusqu'en 1953. En plus de cette boutique située quai Turenne, il existait un dépôt rue des Olivettes où étaient stockés bois, charbon, ferrailles et métaux.

Cette publicité pourrait dater de 1907-1908 : si l’on en croit les annuaires et périodiques de l’époque, Félix Biette semble tenir seul la quincaillerie de l’île Feydeau durant quelques années. Jusqu’en 1910, son nom reste cependant associé à celui de Joseph Réaume parmi les spécialistes nantais du fer et de l’acier. Ceci pourrait expliquer pourquoi la quincaillerie porte la dénomination de Félix Biette, tandis que « Biette et Réaume » est énumérée parmi les anciennes appellations de ce commerce.

Quel rapport existe-t-il entre cette quincaillerie et le brevet d’un pilote d’avion japonais ? L’entreprise de Félix Biette était spécialisée dans la conception de gros et petits outillages et le négoce de pièces automobiles. Il est donc possible que cette entreprise était liée au monde de l’aéronautique, qui a beaucoup emprunté à la technologie automobile pour se développer. Cela n’explique toutefois pas comment ce document a pu se retrouver entre les mains de Yoshitoshi Tokugawa. Une piste est peut-être à creuser du côté des frères Farman, industriels spécialisés dans la construction aéronautique. Henri Farman était propriétaire de l’école de pilotage d’Étampes, où Tokugawa s’est initié à l’aviation d’après ses mémoires.

> Site internet de l’Association Aéronautique du Japon

Association Aéronautique du Japon, Direction du patrimoine et de l’archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole