Bandeau
Charles Ange Laisant (1841 – 1920)

1663

Église Saint-Similien (2/2)


Orientée vers le Nord, l’église avec ses cinq travées domine les immeubles du quartier du fait de ses dimensions imposantes : 67 mètres de long et 37,4 mètres de large. Si les deux clochers prévus d’une hauteur de 72 mètres, avaient été construits, ils auraient doublé la hauteur du faîtage de la grande nef.

Eglise Saint-Similien

Eglise Saint-Similien

Date du document : 25-06-2012

Les préalables à sa construction

Très vite, l’église néogrecque de 1824 apparaît bien trop petite. La charpente du clocher est très abîmée, les nouveaux murs et les toitures se dégradent. Dès 1850, le conseil de fabrique de la paroisse décide d’en construire une nouvelle en doublant sa surface. En raison des habitations rue de Bel Air et rue Sarrazin, l’orientation traditionnelle vers l’est n’a pu être conservée.

Pendant 18 ans, des maisons et des terrains autour de l’église ont été rachetés après des enquêtes positives de la ville. C’est le projet de Monsieur Boismen, architecte du diocèse, qui a été retenu, proposant un style néogothique, copie du style de la première partie du 13e siècle (proche de celui de Notre-Dame de Paris). Déjà deux églises néogothiques, inspirées par les travaux de Viollet-le-Duc, étaient bien avancées dans leur construction : Saint-Clément et Saint-Nicolas. 

La construction entre 1872 et 1897

La construction était prévue dès le départ en trois tranches, compte tenu de la dépense importante pour une paroisse desservant des quartiers pauvres, d’une surface de 5,5 km2 pour une population d’environ 16 000 habitants, située au nord de la place Bretagne, bordée par la Chézine, les territoires de Saint-Herblain, Orvault, la route de Rennes, le gué Moreau et l’Erdre.

• Première tranche : 1872 – 1880 : de l’abside à la 1ère travée de la nef
Les terrassements commencent par l’abside dès juillet 1872, puis la première pierre est officiellement bénie par Mgr Fournier, évêque de Nantes, le 5 octobre 1873. Des difficultés financières retardent fortement le chantier : sept ans seront nécessaires pour atteindre la première travée de la nef. La hauteur sous la voûte de la nef centrale est de 23 mètres, celle des nefs latérales de 12,6 mètres et celle des déambulatoires de 6 mètres.

Messe à l'église Saint-Similien

Messe à l'église Saint-Similien

Date du document : 23-09-2012

• 1880 – 1894 : aménagement et construction de la sacristie
Pendant 14 ans, le chantier s’arrête le temps de retrouver des fonds. Le chœur de la nouvelle église est relié à l’ancien édifice, dont le mur extérieur est démoli, par un large escalier de huit marches  Des aménagements intérieurs sont réalisés : le maître-autel (celui avec le grand crucifix), les stalles du chœur, la chaire, les autels de Notre-Dame de Miséricorde et de saint Joseph, les vitraux du chœur et des transepts avec les deux grandes rosaces.

Eglise Saint-Similien, bas du transept de Notre-Dame de Miséricorde

Eglise Saint-Similien, bas du transept de Notre-Dame de Miséricorde

Date du document : 20-02-2020

Le cloître, la sacristie et la chapelle du Rosaire sont construits en 1893. 

• Deuxième tranche : 1894 – 1897 : nefs et déambulatoires
Les finances rétablies par un emprunt et un nouvel appel aux donateurs, la construction reprend avec le nouvel architecte du diocèse, Monsieur Bougoüin. La décision est prise de modifier le projet initial en construisant une travée supplémentaire pour pouvoir accueillir plus de paroissiens en supprimant le projet des volées d’escalier donnant sur la place (le péristyle). 

La démolition de l’ancienne église et les fouilles révèlent 150 sarcophages, rangés sur environ cinq niveaux, orientés vers l’est sauf les plus bas tournés vers le nord. On découvre aussi des briques décoratives avec des motifs chrétiens et au fond des restes de l’époque romaine. Ces découvertes ont passionné nombre d’archéologues, certains venant de Paris. 

En trois ans, les cinq travées sont réalisées avec la chapelle du baptistère et la chapelle de Notre-Dame-de-Pitié. Les finances étant de nouveau épuisées, il faut attendre avant de construire le narthex, la façade et les clochers. Seules les fondations du clocher situées au bord du trottoir sont réalisées jusqu’au niveau d’un parvis provisoire. Des parpaings ont été mis en place de façon provisoire pour rendre les nefs étanches.

Le 8 décembre 1897, Monseigneur Rouard, évêque de Nantes, bénit l’église.

Plan de l’église actuelle de Saint-Similien

Plan de l’église actuelle de Saint-Similien

Date du document : 2021

Dans l’attente des futurs clochers, les deux grosses cloches sont installées dans une structure en bois au ras du sol, côté de la rue Sarrazin, où elles sonnent.

De 1897 à 1906 : période avant de devenir propriété de l’État 

En 1905, l’orgue du pensionnat Saint-Joseph, tenu par les frères des Écoles Chrétiennes, est démonté, suite à la loi interdisant aux congrégations religieuses d’enseigner. Reconditionné par la maison Gloton-Debierre, l’orgue est installé dans l’église entre deux piliers de l’autel latéral droit, avec 15 jeux, un double clavier et un petit pédalier de 18 notes. Avant d’avoir pu récolter suffisamment de fonds pour finir les clochers, le vote de la loi de séparation des Églises et de l’État est promulguée en décembre 1905. 

En novembre 1906, après un inventaire douloureux, l'église devient propriété de l’État, tout en restant affectée au culte. 

La troisième phase de construction comprenant la façade, le narthex et les deux clochers restera à l’état de projet. Les parpaings mis en place pour étancher les nefs provisoirement sont toujours visibles.

Eglise Saint-Similien, simulation de la façade projetée

Eglise Saint-Similien, simulation de la façade projetée

Date du document : 25-02-2020

Après 1906, un siècle d’amélioration de l’intérieur 

En 1908, l’État transmet la propriété de 16 églises à la Ville de Nantes, dont Saint-Similien.

En 1913, la chapelle du Sacré-Cœur est installée dans l’abside, à la place de l’autel de Notre-Dame de Miséricorde prévu, après un abaissement du sol de la valeur de 6 marches. Suivent la mise en place des plaques des noms des soldats morts de la guerre 1914-18, ainsi que des balustrades des coursières (les cheminements sous les vitraux des nefs). 

En 1921, l’électricité remplace pour l’éclairage le gaz installés dès 1881. 

En 1929, deux nouvelles statues prennent place dans la chapelle du Sacré-Cœur : sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et saint Jean l’évangéliste.

En 1935, l’orgue est agrandi avec 274 tuyaux supplémentaires pour trois nouveaux jeux et l’extension du pédalier de 18 à 30 notes.

En septembre 1943, les bombardements meurtriers des alliés sur Nantes, épargnent l’église Saint-Similien.

À la fin de la réforme liturgique en 1965, un autel provisoire est installé devant le maître-autel pour que le prêtre officie face à l’assemblée paroissiale. 

En 1963, deux chaudières au fuel remplacent l’ancien four à coke, dans un petit sous-sol ouvert sur le square Marion Cahour. 

En 1968, les projets d’embellir la façade et de placer les cloches dans les combles de l’église n’aboutissent pas. 

En 1987, les deux cloches sont transférées par la mairie à l'intérieur de l'église, car la structure en bois les supportant est très abîmée. La même année le chauffage est assuré par des radians infrarouge, pendus sous les clés de voûte.

En 1991, le chœur est refait : l’autel en bois est remplacé par un autel en marbre, plus en avant de la nef, avec tout le sol du chœur refait aussi en marbre. 

En 1993, nouvelle augmentation de l’orgue avec 166 tuyaux supplémentaires, pour 2 nouveaux jeux dont un plein jeux de 4 rangées de tuyaux.

Un entretien constant et conséquent

Dès 1929, et quasiment tous les ans depuis une quinzaine d’années de nombreux travaux d’entretien importants ont été réalisés, pris essentiellement en charge par la Ville de Nantes :
• éléments de structure : rosaces, meneaux de fenêtres et vitraux abîmés par la rouille des barres métalliques soutenant les vitraux (barlotières) ;
• couverture et fuites dues aux chéneaux ;
• chutes de pierres au niveau des vitraux, des arcs-boutants et des pinacles ;  une fausse gargouille a même atterri dans le chœur en 2006 ;
• mises aux normes concernant le gaz, l’électricité et la sécurité incendie ;
• récemment le cloître qui s’affaissait a été refait ainsi que le parvis.

Lieu de silence, de prière, de cérémonies et réserve de pépites patrimoniales, cette église est ouverte à tous. Étonnante par son puits près de l’entrée et sa façade inachevée, sa nef lumineuse invite à s’avancer vers une pénombre éclairée par les magnifiques vitraux du chœur, des transepts et de l’abside.
 

Yves-Marie Rozé
2020

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En bref

Localisation : Saint-Similien (place) 3, NANTES

Date de construction : 1872

Auteur de l'oeuvre : Blon Etienne (architecte - 1824) ; Boismen Eugène (architecte diocésain - 1872 à 1880) ; Bougoüin François (architecte - 1894 à 1897)

Typologie : architecture religieuse

En savoir plus

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Tags

Catholicisme Hauts Pavés - Saint Félix Église

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Rédaction d'article :

Yves-Marie Rozé

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