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Alfredo Gomez Ollero (1905-1943) Entreprise Peignon-Costumier

4323

Écluse du canal Saint-Félix


L’écluse n°1 de Saint-Félix est depuis les années 1930 le point de départ du canal de Nantes à Brest qui permet à partir du début du 19e siècle de désenclaver le centre de la Bretagne. Dépendant aujourd’hui du régime de l’Erdre, ce barrage-écluse témoigne des retentissements régionaux voire nationaux que peuvent avoir les modifications du cours de la Loire à Nantes mais également de l’impact urbain de ces dernières.

Un barrage-écluse à la confluence de l'Erdre et de la Loire

Le projet d’ouvrir une voie de navigation intérieure en Bretagne remonte à l'union du duché de Bretagne au royaume de France. Dès 1538, la Vilaine est canalisée pour permettre une liaison de Rennes à Redon puis ouvrir la capitale bretonne vers le golfe de Gascogne. Au 17e siècle, émerge l’idée d’un canal entre Nantes et Brest pour désenclaver le centre de la Bretagne et permettre à tous les villages d'être à moins de 15 kilomètres d'une voie d'eau. Dès 1730, les premières études d’aménagement sont produites mais ce n’est qu’en 1806 que Napoléon Ier lance les premiers chantiers. Ceux-ci se poursuivent durant la Restauration et la Monarchie de Juillet, et le canal est inauguré par Napoléon III en 1858.

Ancienne écluse du canal de Nantes à Brest sur l'Erdre

Ancienne écluse du canal de Nantes à Brest sur l'Erdre

Date du document : 1900

A cette date, Nantes est toujours traversée par trois bras de Loire et le débouché du canal dans la Loire se fait au niveau du pont d’Erdre après avoir passé une écluse aménagée quai d’Orléans. Mais pour mener à son terme le comblement des bras de Loire, il est nécessaire de détourner l’Erdre. L’État, qui gère les comblements de la Loire, canalise et détourne l’Erdre pour modifier la confluence entre le fleuve et son affluent : le régime hydraulique du canal Saint-Félix est modifié puisque la rivière y remplace aujourd’hui le fleuve qui y coulait depuis des milliers d’années.

Photographie aérienne du Champs de Mars

Photographie aérienne du Champs de Mars

Date du document : début 20e siècle

Avec le tunnel-canal, le barrage-écluse n°1 de Saint-Félix est la pièce maîtresse de la jonction Erdre-Loire. Il permet de réguler la hauteur constante du bassin, de le soustraire à l’influence des marées tout en autorisant le passage des bateaux. Le service des Ponts et Chaussées qui est en charge des aménagements du fleuve étudie les caractéristiques techniques de l’édifice dès 1927.

Plan du futur canal et emplacement définitif de l'écluse

Plan du futur canal et emplacement définitif de l'écluse

Date du document : 1927

A cette date, l’association des habitants de la prairie aux Mauves soulève la question du désenclavement du quartier : face à l’île de la Madeleine, les habitants ne peuvent s’y rendre sans emprunter le pont de la rotonde situé à presque 1 kilomètre et leur l’accès est entravé par des passages à niveau dont les fermetures fréquentes allongent le temps de trajet. L’association demande la création d’un pont-passerelle autorisant la circulation des piétons et des véhicules entre le quai Malakoff et le quai Magellan. La demande reçoit un accueil très favorable des services de la ville : la prairie aux Mauves regorge encore de vastes terrains vierges dont l’intérêt est pris en compte dans l’aménagement urbain de Nantes.

Plan du Barrage éclusé à l'entrée du bras Saint-Félix et passerelle pour piétons sur la tête aval de l'écluse

Plan du Barrage éclusé à l'entrée du bras Saint-Félix et passerelle pour piétons sur la tête aval de l'écluse

Date du document : 1927

Pour des raisons techniques, le barrage-écluse est déporté vers le bras de la Madeleine et cette nouvelle localisation empêche la construction d’un pont qui déboucherait sur la rue de Fleurus. La liaison entre les deux quartiers se fera juste par une passerelle pour piétons dont la mise en œuvre, pilotée par les Ponts et Chaussées, coûte à la ville 90 000 francs.

En 1931, le barrage-écluse est mis en construction. Son exécution est confiée à l’entreprise Bernard. Après trois ans de travaux, l’ouvrage est inauguré le 5 avril 1934 et la passerelle est livrée aux habitants.

Photographie aérienne de l'écluse à son achèvement

Photographie aérienne de l'écluse à son achèvement

Date du document : 02-05-1931

Le canal Saint-Félix est entièrement vidé en 1989. Il est dragué et des travaux sont exécutés sur l'écluse.

Un ouvrage à l'architecture complexe

Le barrage-écluse Saint-Félix est un ouvrage complexe composé de deux pertuis ou déversoir, d’un sas d’écluses muni de deux portes et d’un « garage à bateaux » en dialogue avec le quai à tablier du bassin.

Le barrage à proprement parler se compose de trois passes munies de portes en acier d’environ 17 tonnes chacune installées entre des massifs maçonnés en pierre. Les deux portes orientales sont des déversoirs : lorsqu’elles sont actionnées, l’eau du bassin est rejetée dans la Loire. La hauteur du barrage culmine à dix mètres au-dessus de l’étiage soit un mètre de plus que la cote des hautes eaux de 1910. Le barrage met le canal Saint-Félix hors de portée des crues et des marées afin de la maintenir un niveau constant.

Sur chacune des piles maçonnées du barrage, des pylônes d’acier, hauts de 2,4 mètres et constitués d’un treillis en V, portent la passerelle. Celle-ci, constituée par deux poutres à treillis et un platelage composé de tôle striées de 7 millimètres d’épaisseur, mesure 32 mètres de long et offre un passage de 2,5 mètres de large. A chaque extrémité, des escaliers droits permettent de retrouver les rives.

Sur le flanc occidental du barrage, un sas d’écluse est aménagé entre le quai droit et un bajoyer maçonné. Placé à 20 mètres de la rive, il mesure 48 mètres de long pour 6,80 mètres de large, des dimensions largement supérieures au gabarit Freycinet. Il fermé par deux portes métalliques de 17 tonnes chacune. Ces portes à relevage – dite aussi à guillotine – sont actionnées par les filins d’acier des structures mécaniques situées au-dessus d’elles. Elles peuvent fonctionner grâce au peu de profondeur du bassin.

A l’arrière de l’écluse, le quai droit est prolongé par une estacade en béton : grâce à elle, un cul-de-sac d’environ 50 mètres de long pour 10 mètres de large pouvait recevoir les bateaux de pêche qui débarquaient leurs marchandises sur le quai en tablier créé face au Champs de Mars et aux halles centrales.

Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021

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