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Palais de Justice de Nantes Carrières de la Contrie

2211

Tri Yann


Les Tri Yann ont fêté en 2011 leurs quarante ans de scène et quelques millions d’albums écoulés. Trois ans de mieux que les Frères Jacques, dont ils comptaient bien battre le record de France.

Le 27 décembre 1970, jour de la Saint-Jean, à Plouharnel, près de Carnac, Jean Chocun, Jean-Paul Corbineau et Jean-Louis Jossic prennent flûtes et guitares pour interpréter La Pastourelle de Saint-Julien devant quelques amis. L’un des danseurs les surnomme ce jour-là Tri Yann an Naoned (les trois Jean de Nantes) un patronyme qu’ils adoptent illico. Jean Chocun est alors assistant administratif dans une compagnie maritime, Jean-Paul Corbineau acheteur pour un hypermarché et Jean-Louis Jossic enseigne l’histoire et la géographie dans un collège privé de Savenay.

Les deux premiers se sont contentés, jusque-là, de revisiter Hugues Aufray et Græme Allwright. Le troisième a déjà la fibre bretonne militante. Très vite, profitant de la première vague celtique, le trio – qui chante en français – se découvre un public grandissant. Un quatrième homme, Bernard Baudriller, professeur d’anglais dans le même collège que Jean-Louis Jossic, est appelé, dès octobre 1971, en renfort au violoncelle. En février 1972, ils rencontrent le chanteur breton Gilles Servat, déjà très connu, qui leur propose d’enregistrer un 33 tours pour le label Kelenn. Le gérant hésitant à aller au-delà de 500 exemplaires, les Trois Jean en coproduisent 500 supplémentaires qu’ils écoulent en quasi-totalité, au terme d’un gala de soutien.

La suite est un film en accéléré. Repérés par le directeur commercial de Phonogram, ils se retrouvent avec Les prisons de Nantes sur Europe 1 et France Inter. Juliette Gréco les choisit pour faire sa première partie à l’Olympia, en décembre 1972. C’est sur la scène du célèbre music-hall qu’ils présentent leur deuxième album. Intéressé, le directeur de l’Olympia Bruno Coquatrix reprend lesTri Yann, pour une semaine, en tête d’affiche, du spectacle Keltia 73.

       Suivent de multiples concerts, y compris à l’étranger, dès 1978, où l’équipe est programmée en Belgique, en Allemagne, et en Suisse au festival de Nyon, où elle triomphe devant Fairport Convention et 15 000 spectateurs. Musicalement, le folk des débuts s’est nourri de sonorités médiévales et baroques. Textuellement, sous l’influence de Jean-Louis Jossic, les problèmes du temps sont de plus en plus abordés : la marée noire de l’Amoco Cadiz ou la lutte antinucléaire de Plogoff. Visuellement, c’est du grand théâtre, avec folles vêtures et énergie d’enfer, une «machine » à danser, à s’esbaudir et à réfléchir où se retrouve un public transgénérations.

Les Tri Yann, qui sont désormais huit, n’ont plus grand-chose à prouver tant ils ont participé à de prestigieux événements : double Zénith à guichets fermés, en 1996, à Paris ; sélection aux Victoires de la musique la même année ; Francofolies de La Rochelle ; enregistrement d’un album symphonique avec l’Orchestre national des Pays de Loire ; participation au spectacle BretagneS à Bercy, aux côtés d’Alan Stivell, Dan ar Braz et Gilles Servat ; promotion des Trois Jean comme chevaliers dans l’ordre des Arts et Lettres ; tête d’affiche de La Nuit Celtique 2004 au Stade de France, devant 55 000 spectateurs. La course semble sans fin pour les Trois Jean et leurs compères, malgré les lourdes fonctions de leur leader, l’emblématique Jossic à la crinière blanche et aux chaussures à damiers d’extra-terrestre, élu municipal nantais depuis 1989, devenu adjoint à la Culture en 2007.

Jean Théfaine
Extrait du Dictionnaire de Nantes
(droits d'auteur réservés)
2018

       

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En savoir plus

Bibliographie

Bergerat Alain « Tri Yann », Place publique Nantes Saint-Nazaire, n°13, janvier-février 2009, p. 76-77

Denis Sophie, Tri Yann : éclats de vivre, Éd. Vivre tout simplement, Tréogat, 2014 (coll. Les Remarquables)

Théfaine Jean, « Tri Yann an Naoned », ArMen, n°96, 1998, p. 14-22

Théfaine Jean, Tri Yann, histoires de Jean(s), Tournon, Paris, 2005

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Musique Nantes dans la chanson

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Rédaction d'article :

Jean Théfaine

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