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Institut Lamoricière


L'Institut Lamoricière est un I.T.E.P. (Institut Thérapeutique, Educatif et Pédagogique), le premier et le plus important créé en Loire-Atlantique. Il reçoit des enfants et des adolescents présentant des troubles du comportement, souvent qualifiés « d'enfants difficiles ». Il leur apporte les soins, l'éducation et l'enseignement adaptés pour les aider à progresser vers leur autonomie.

Les origines (avant 1970)

L’histoire de l’Institut Lamoricière commence au 19e siècle avec l’action des « œuvres de charité » développées ici par les dames patronnesses de la Maison Notre-Dame autour de la nouvelle paroisse avec le soutien de la congrégation des « Filles de la Sagesse ». A partir de 1880, « l'Oeuvre de la première communion » accueille les jeunes garçons et filles en déshérence dans les rues du port pour leur apporter une première éducation sociale et religieuse.

En 1937, l'Oeuvre devient l'Institut Notre-Dame-des-Enfants, un I.M.P. (Internat Médico-Pédagogique) spécialisé dans l'éducation des jeunes filles « débiles légères ». Au départ totalement géré par les religieuses avec l'aide d'anciennes pensionnaires, l'établissement voit progressivement arriver  dans les années 1960 un personnel laïc plus qualifié et plus stable (le diplôme d'Etat d'Educateur Spécialisé est créé en février 1967).

La naissance de l'Association et de l'Institut Lamoricière (1970-1972)

Fin 1970, l'IMP devient Institut de Rééducation (I.R.) et prend le nom d'« Institut Lamoricière » par référence à son quartier d'implantation. Désormais mixte, ouvert en internat et en semi-internat, il accueille des enfants et des adolescents présentant des troubles du comportement. Les religieuses ayant décidé de se retirer, la gestion est désormais assurée par une nouvelle association laïque : « l'Association Institut Lamoricière ».

Deux personnalités jouent un rôle central dans l'organisation de l'Institut : le Dr Jean Perroy, psychiatre et psychanalyste, et Marie-Louise Mahot, psychologue, tous les deux très proches de Françoise Dolto dont les travaux sur la psychanalyse et l'éducation des enfants font autorité. Ils conçoivent un projet innovant référé à la psychanalyse.

Le temps des pionniers (1970-2000)

Dans cet esprit, après son installation, l'Institut développe son projet : une écoute inconditionnelle des enfants pour les aider à renouer avec leur identité, un esprit d'ouverture et d'accueil partagé par l'ensemble du personnel afin de créer le climat rassurant nécessaire, un accompagnement et une formation permanente de ce personnel dont la qualification s'affirme, une direction collégiale et un fonctionnement participatif qui font la notoriété de l'Institut. La créativité du personnel et des enfants est constamment sollicitée : journal interne, chorale, spectacles, activités culturelles et sportives, ateliers techniques et d'expression, coopérative scolaire, séjours extérieurs...donnant à chacun l'occasion de découvrir ses talents, de prendre confiance en soi.

Découverte des Pyrénées lors d'un « transfert » pour les enfants de l'I.T.E.P. Lamoricière

Découverte des Pyrénées lors d'un « transfert » pour les enfants de l'I.T.E.P. Lamoricière

Date du document : 1993-1995

Rapidement, la tutelle de l'Etat se renforce : les deux lois du 30 juin 1975 érigent la prise en charge du handicap en obligation nationale, réglementent les modalités de reconnaissance du handicap ouvrant les droits associés dont l'éducation pour les enfants et les adolescents, définissent les modalités d'agrément des établissements habilités et organisent les relations avec  les usagers (les enfants étant désormais recrutés par l'intermédiaire d'une commission départementale, la C.D.E.S.). L'Institut crée son école privée et passe un contrat simple avec l'Education Nationale pour la rémunération des enseignants.

A l'étroit dans les locaux vétustes de la rue Arsène Leloup, propriété de la congrégation des Filles de la Sagesse, l'Institut envisage de construire des locaux fonctionnels dans la ZAC du Preux à Saint-Herblain puis de rénover et de s'étendre sur place rue Arsène Leloup. Le coût prohibitif oblige à opter pour un éclatement sur l'Est de Nantes à partir de 1977-78 et de se porter acquéreur en 1986 des locaux du siège rue Arsène Leloup  réhabilités entre 1995 et 1998.

Carte des lieux d'implantation de l'I.T.E.P. Lamoricière

Carte des lieux d'implantation de l'I.T.E.P. Lamoricière

Date du document : 1991

L'adhésion du personnel et des administrateurs n'empêche pas quelques épisodes délicats : en 1976 puis 1986, interrogation récurrente sur la direction collégiale et en 1985-86, suite au rapport incendiaire de l'IGAS sur la politique sociale des associations, débat sur les missions générales et sur le rôle prépondérant des « psy » aux dépens des enseignants et des éducateurs.

Fin 1993, le Dr Perroy lance un nouveau projet innovant de SESSAD (Service d’Education Spéciale et de Soins à Domicile) pour jeunes enfants sur le modèle des Maisons Vertes de Françoise Dolto. Le cheminement de ce projet, qui ne verra son aboutissement que 13 ans plus tard, sous forme édulcorée, illustre la tension croissante des relations des établissements sociaux et médico-sociaux avec la tutelle  depuis 1975, accentuée par les contraintes budgétaires auxquelles l'administration se trouve confrontée et bientôt par les  arbitrages délicats entre l'Etat et les collectivités  sur le pilotage du dispositif.

Intérieur d'une salle de classe de l'Institut Lamoricière

Intérieur d'une salle de classe de l'Institut Lamoricière

Date du document : 2000

Interrogations et changement de cap (2000-2013)

En 2000, les fondateurs ont quitté l'Institut. La direction collégiale à trois est amputée de sa direction pédagogique, le projet perd progressivement sa référence à la psychanalyse. En 2004, un accident de santé prive l'Institut de son directeur administratif. Une période difficile s'ouvre. Deux ans plus tard, début 2006, la direction en difficulté donne sa démission, les administrateurs assurent la relève et instaurent une direction unique fin juin.

Dans cette période, le personnel désorienté s'inquiète. Les nouvelles exigences découlant de la loi du 2 janvier 2002 (droits des usagers, évaluation, projet personnalisé d'accompagnement, …), puis du décret de janvier 2005 transformant les I.R. en I.T.E.P. ou de la loi « handicap » du 11 février 2005 substituant les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (M.D.P.H.) aux C.D.E.S., ne sont pas rassurantes. A cela s'ajoute la montée des violences chez les jeunes.

La nouvelle direction a beau se démultiplier pour établir son diagnostic, reconstruire son organisation, proposer de nouvelles voies de relance, le cœur n'y est plus, les relations se tendent. A l'extérieur, la politique de décentralisation Acte II suit son cours : tandis que les départements organisent leur mission sociale, l'Etat définit sa politique de santé et prépare la mise en place des Agences Régionales de Santé (A.R.S.) en avril 2010.

Façade du siège de l'Institut Lamoricière, rue Leloup

Façade du siège de l'Institut Lamoricière, rue Leloup

Date du document : fin du 20e siècle

Préoccupée des turbulences qui agitent l'Institut, attentive aux incitations de la tutelle à se rapprocher entre établissements, l'Association prend conscience de la fragilité de son institution et se met en recherche de partenariats. Le premier appel d'offres de l'ARS, en 2011, confirme ses craintes. Mises en concurrence, les petites institutions isolées ne sont plus compétitives. Ce premier appel d'offre est aussi l'occasion de découvrir un nouveau venu dans la région : l'association OVE, et de se faire progressivement à l'idée que l'intégration dans une institution de ce type serait peut-être une solution pour l'Institut. Deux ans plus tard, les circonstances accélèrent les décisions : la directrice de l'Institut, épuisée, étant en arrêt, OVE propose une suppléance. Les liens se renforcent. En juillet 2013 un traité de fusion-absorption est signé. L'Institut Lamoricière entre dans le giron de l'Association OVE qui devient en 2014 la Fondation OVE gérant aujourd'hui quelques 80 établissements en France, principalement en Rhône-Alpes, sa région d'origine, mais aussi en Ile-de-France, en Normandie et désormais en Pays de la Loire (ITEP Lamoricière et SESSAD Jean Duret à Nantes, SESSAD Galilée à Challans et FAM Damien Seguin à Luçon).

Roger Balcon, Joseph Gabriac, Jean-Paul Martin
2020



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En savoir plus

Bibliographie

Balcon Roger, Gabriac, Joseph, Martin, Jean-Paul, L'Institut Lamoricière à Nantes : des origines à 2013, Enfance et troubles du comportement, Fondation, OVE, Vaulx-en-Velin, 2020

Hadjimanolis Marie, Les filles de la Sagesse dans les hôpitaux de Nantes (1803-1974), DESS de Médecine Générale, Université de Nantes, 2001

Dolto Françoise, Le cas Dominique (1967), Seuil, 1974

Dolto Françoise, La cause des enfants (1985), Pocket, 2007

La politique sociale des associations, rapport IGAS 1983-1984 publié le 1er janvier 1984

Lebeau Henri-Jean, Sarazin, Gérard, L'accueil familial thérapeutique, rapport IGAS 94047, 1994

Leclaire Serge, L’APUI, L'état des lieux de la psychanalyse, Albin Michel, 1991

Hamon Marie, Reconstruire le projet d'I.T.E.P. pour garantir un parcours personnalisé vers l'autonomie, EHESP-CAFDES, 2008

Pascal Henri, Histoire du travail social en France, de la fin du XIXème siècle à nos jours, EHESP Rennes, 2020 

Webographie

Histoire des établissements rédigée par la congrégation des Filles de la Sagesse Lien s'ouvrant dans une nouvelle fenêtre

Site officiel de Françoise Dolto Lien s'ouvrant dans une nouvelle fenêtre

Tags

Architecture hospitalière d'assistance ou de protection sociale Centre Ville Philosophie et psychologie Santé et hygiène Éducation

Contributeurs

Rédaction d'article :

Roger Balcon, Joseph Gabriac, Jean-Paul Martin

Anecdote :

Roger Balcon, Joseph Gabriac, Jean-Paul Martin

Témoignage :

Marie-Louise Mahot

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