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Jean-Marie Écorchard (1809-1882) Établissements Joseph Paris

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Parc du Grand Blottereau


Avec ses 22 hectares, le parc du Grand Blottereau est le plus vaste de Nantes. Siège de la section d’agronomie coloniale de l’École de Commerce au début du 20e siècle, le parc a hérité de serres tropicales qui abritent des plantes exotiques centenaires et une collection unique de plantes « utilitaires ». Tous les ans, il accueille La Folie des plantes et ses 40 000 visiteurs.

Un lieu de loisirs et d’étude des plantes tropicales

Situé à Doulon, ce parc a eu 1001 vies : tour à tour propriété privée, camp militaire, hébergement de sinistrés ou de rapatriés… En 1360, au début de la guerre de Cent Ans, le Grand Blottereau est un fief seigneurial. Un château y est construit au milieu du 18e siècle par Gabriel Michel, directeur de la Compagnie des Indes. En 1835, Thomas II Dobrée, dernier représentant d’une riche famille d’armateurs ayant commencé sa fortune dans le commerce triangulaire, achète le domaine. Il conserve le type anglais du parc (chemins sinueux, pièces d’eau, arbres ornementaux séculaires) mais modifie le potager dans lequel il installe des serres. En 1845, la Compagnie d’Orléans commence à acheter les terrains nécessaires à la construction des rails de chemin de fer. 

À sa mort en 1895, Thomas II Dobrée confie sa fortune à son ami Hippolyte Durand-Gasselin en le nommant légataire universel pour « distribuer ses biens considérables et dont il avait joui en égoïste ». En 1902, la chaire d’Agronomie Coloniale de l’École Supérieure de Commerce s’installe au Grand Blottereau et des travaux sont entrepris pour la construction de serres, d’une vacherie expérimentale (dont le lait est destiné aux œuvres sociales de la Ville) et l’aménagement d’un jardin. Dans le même temps, le parc est ouvert au public les dimanches et les jours de fête. Il s’anime alors grâce à une fête foraine pour la joie des habitants. L’été, ces derniers partagent le parc avec les colonies de vacances que Durand-Gasselin y installe à partir de 1904 pour les enfants scolarisés les plus démunis de Nantes. Des bâtiments sont construits à cet effet. En 1905, Durand-Gasselin fait don à la Ville de la propriété.

Le Grand Blottereau en temps de guerre

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, le château est réquisitionné par l’armée française pour devenir un centre de convalescence tandis que le parc devient un parc à bétail et un lieu de cantonnement pour le train des équipages. En 1917, 10 hectares sont mis à disposition des autorités militaires qui y installent des cantonnements et un hôpital du Corps expéditionnaire américain. Ces activités donnent lieu à la mise en place du premier réseau d’eau sur le territoire du bourg de Doulon : les conduites d’approvisionnement en eau et les collecteurs d’égouts sont tirés depuis le quartier de Toutes-Aides jusqu’au Blottereau, les premiers poteaux électriques et téléphoniques sont installés.

Au lendemain de la guerre, la Ville récupère la gestion du Grand Blottereau. Le château, qui a subi un incendie, est en partie détruit, le parc est occupé par les baraquements américains. Les autorités municipales logent des familles nécessiteuses dans ces habitations de fortune. À partir de 1926, la Ville remplace peu à peu les baraquements de bois par des constructions précaires en parpaings de ciment offrant plus de commodités aux habitants (entrées séparées des habitations, jardins particuliers, pièces séparées, etc.). Le fleuriste municipal est transféré du Jardin des Plantes au Grand Blottereau, sur 2 hectares, en 1927. La démolition de la cité commence en 1932 et se poursuit jusqu’en 1939. Les habitants sont relogés dans divers quartiers nantais.

Une nouvelle cité provisoire

Au début de la Seconde Guerre mondiale, le parc accueille deux compagnies britanniques (une anglaise, une écossaise) qui laissent des graffitis dans la vacherie. Puis les Allemands construisent à proximité du château un blockhaus, démoli avec mille peines dans les années 1970. À la Libération, le château est affecté aux « Enfants des Massacrés et Fusillés ».

À peine quatre ans après la destruction de la première cité provisoire, les bombardements alliés jettent des milliers de Nantais dans la rue. La Ville réinvestit donc le Blottereau et réutilise les équipements en place pour reconstruire une cité provisoire en bois. En 1945, 50 pavillons de bois occupent la partie orientale de l’ancienne cité. Pour accueillir les enfants, une école est bâtie en 1953. La même année, la construction d’un gymnase est adjugée à la société Devin et Lemarchand. Enfermée dans les murs du Blottereau et peuplée pour l’essentiel par des familles en grande difficulté économique, la cité a relativement peu de contacts avec la population doulonnaise pendant ses 25 années d’existence. Son démantèlement commence en 1969.

L’installation du service des espaces verts et environnement (SEVE)

En 1952, la pépinière municipale est transférée du parc de Procé au Grand Blottereau, sur une superficie de 9 hectares. C’est là que, désormais, sont produits les fleurs et arbres plantés dans l’ensemble des espaces verts de la ville. En 1962, des rapatriés d’Algérie y sont hébergés en attendant d’être logés durablement et, en 1970, la Chaire d’Agronomie disparaît. Les serres coloniales deviennent alors municipales et tropicales. Le centre d'apprentissage horticole est transformé en lycée privé horticole. Devenu le lycée Grand Blottereau, cet établissement est toujours installé dans le parc et occupe un nouveau bâtiment dans les anciens communs. Il fait partie du « pôle vert » d'enseignement de la métropole nantaise. Pour permettre au service des espaces verts et au lycée de produire des plantes pour le fleurissement de la ville, de nouvelles serres doivent être construites.

Les cinq continents représentés

Véritable lieu d’expérimentation en évolution permanente, le parc offre un parcours à travers les paysages naturels et champs cultivés du monde : la Méditerranée, l’Amérique des bayous, les collines de Corée du Sud et, demain peut-être, les cinq continents.

Devant le château s’étend un parterre « à la française », le seul à Nantes, constitué de broderies de pelouses et de sols sablés, entouré de petites haies et ponctué d’ifs taillés en cônes. Son dessin est basé sur des formes géométriques. Ce style de jardin s’est développé en Europe au 17e siècle. Il est totalement symétrique, comme la façade du château. Il se regarde du haut des fenêtres du château.

Un peu plus loin, la rocaille méditerranéenne est une reconstitution d’un paysage naturel de climat méditerranéen, sec et chaud. Les rochers de schiste rouge en provenance d’une carrière de Saint-Just (35), non loin de Guémené-Penfao, évoquent les massifs des Maures et de l’Esterel. Des végétaux méditerranéens l’agrémentent : oliviers, lavandes, thyms, romarins, cistes, pins parasols, cyprès de Provence, lauriers roses, chamaerops, figuiers, etc.

Un « jardin au naturel » a été créé lors de la Folie des plantes de 2008 dont le thème était Sauvages et cultivées. Il est le fruit d’un partenariat entre le service des espaces verts et de l’environnement de la Ville de Nantes et le lycée horticole du Grand Blottereau. Il sert tout au long de l’année de support pédagogique pour les élèves du lycée afin de tester les différentes techniques de jardinage respectueuses de l’environnement.

Avec le bayou américain, c’est un paysage marécageux de Louisiane qui est évoqué. On y trouve une étendue d’eau calme et peu profonde. De nombreuses plantes aquatiques y poussent, comme le lotus américain aux fleurs jaunes pâles. Les cyprès chauves, de grands conifères typiques de ce paysage, perdent leurs aiguilles en hiver. Enfin, les magnolias à grandes fleurs aux feuilles persistantes, coriaces et vernissées, émettent des fleurs blanches très parfumées en été.

Déployé sur près d’un hectare, le jardin coréen dit « de la colline de Suncheon », inauguré à l’occasion de la Folie des plantes en 2006, est le plus grand jardin coréen d’Europe. Cette création est un compromis entre le jardin typique coréen et une vision des différents paysages aperçus en Corée, le « pays du matin calme ». Surtout, il s’est adapté à la configuration même du parc du Grand Blottereau et s’intègre parfaitement dans l’esprit du voyage botanique au long cours qui prévaut dans ce parc.

Direction Nature & Jardins, Ville de Nantes ; Julie Aycard
2022



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Rédaction d'article :

Direction Nature & Jardins (Ville de Nantes), Julie Aycard

Anecdote :

Direction Nature & Jardins (Ville de Nantes), Julie Aycard

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