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Observatoire du Petit-Port


S’il abrite aujourd’hui un centre aéré et de loisirs, l’Observatoire a autrefois été un manoir, puis un important centre d’observation magnétique français.

Un manoir privé devenu propriété municipale

Autrefois, l’observatoire était un manoir dont l'origine reste méconnue. Il a été une résidence de campagne d’un évêque de Nantes, avant que ce dernier n'en fasse don vers 1680 aux Pères de l’Oratoire de la paroisse Saint-Similien, qui en firent leur lieu de villégiature. Ces religieux l'occupèrent jusqu’à la Révolution. En 1793, le manoir et sa métairie sont vendus comme bien national et acquis par le docteur Guillaume Laënnec, médecin chef de l’Hôtel Dieu et oncle du célèbre René Théophile Laënnec, éminent pneumologue et inventeur du stéthoscope. Il restera dans la famille jusqu’en 1879.

Le 4 novembre 1875, la Ville de Nantes commence par faire l’acquisition des 43 hectares de terres et bois de la propriété de Petit-Port auprès de Mme et M. Jégou d’Herbeline, inspecteur général des Ponts et Chaussées demeurant à Paris, pour y établir un champ de manœuvre. L’hippodrome y sera construit. Finalement, le 27 septembre 1879, la Ville de Nantes devient propriétaire du manoir.

La création de l’observatoire au 19e siècle

La création d’un observatoire au Petit-Port s’inscrit dans une longue tradition des observatoires et de l’étude météorologique liée à l’identité de port maritime de Nantes. A partir de 1826-1827, Frédéric Huette, opticien de la Marine, Pierre Caillet, professeur d’hydrographie et Etienne Blon, architecte, sont à l’origine d’un service régulier d’observation météorologique situé rue de Flandres.

En 1875, lors du congrès de l’Association pour l’avancement des sciences, la décision est prise de créer un nouvel Observatoire plus adapté aux conditions d’observation. Il doit permettre de structurer l’organisation d’un service départemental de météorologie. Ainsi est créée la Commission météorologique départementale de Loire-Inférieure, qui doit coordonner et contrôler les observations et servir d’intermédiaire avec l’Observatoire de Paris.

En 1879, le Bureau central de météorologie de Paris accorde la création d’un nouvel Observatoire à Nantes répondant aux nouvelles normes. Le 12 février 1879, la Ville de Nantes vote la mise à disposition au Bureau central de météorologie de la maison de Petit-Port. Le choix de cette propriété, outre sa position géographique idéale, permet d’économiser d’importants travaux d’investissement. L’État, par l’intermédiaire du Bureau central de météorologie, participe aux dépenses d’installation et à la rémunération du personnel scientifique. Le projet sera placé sous la responsabilité de M. Larocque.

Les aménagements architecturaux

L’observatoire hérite de l’architecture du manoir. Le bâtiment principal se trouve au cœur d’un grand parc clos par un mur de pierre de moellons de schiste.

Le corps de logis, de plan rectangulaire, s’élève sur trois niveaux, avec deux étages dont un étage sous comble. Il est cerné par des bâtiments de services symétriques en rez-de-chaussée.

A la fin des années 1990, des annexes sont construites dans le prolongement des deux bâtiments de services. Les façades sont enduites d’un crépi de couleur claire, en harmonie avec les ouvertures à encadrements de pierres blanches de tuffeau.

La travée centrale, qui comporte la porte d’entrée principale, est surmontée d’un lanternon discret en haut duquel se trouve un cercle métallique, seul témoignage de l’existence de l’Observatoire. La lucarne-fronton de ce lanternon est décorée avec le blason aux armes de la Ville de Nantes.

Le premier observatoire magnétique de France

En 1880, les missions scientifiques de l’Observatoire sont étendues à celle d’un observatoire magnétique, le premier en France. Il s’agit d’observer les variations de l’inclinaison de la Terre. Les relevés se faisaient quatre fois par jour et les données étaient transmises à l’Office national météorologique qui établissait les prévisions pour la France.

Cet Observatoire va bénéficier d’une reconnaissance nationale pour la qualité de l’activité scientifique. En 1958, la série d'observations enregistrées à Nantes était, selon le Directeur de la Météorologie Nationale, « une des meilleures et des plus longues de toute la France ».

Les instruments scientifiques, comme le moulinet Robinson, l’héliographe, les pluviomètres, les baromètres, thermomètres, compas et autres appareils d’études vont être utilisés de 1879 à 1961.

Les observations pouvaient se faire depuis le toit de l’Observatoire, mais aussi au sol, en utilisant des socles cimentés comme supports des instruments d’astronomie. Certains de ces supports sont encore visibles sur site.

La fermeture de l’observatoire

La gestion de l’observation du magnétisme terrestre par l'Institut de Physique du Globe de l'Université de Paris cesse à la fin de l’année 1959. L'avenir de l'Observatoire en tant que simple Observatoire climatologique est alors mis en question.

C'est aussi à cette période que l’Université de Nantes est refondée et installée sur le site du Tertre, à proximité immédiate de Petit-Port. Dans le cadre d’une solution d’attente avant l’attribution définitive des locaux, la Direction Générale de l’Enseignement Supérieur transfère en janvier 1960 la gestion de l’Observatoire à la Faculté des Sciences de Nantes. L’Observatoire est officiellement fermé le 1er mai 1961.

Par une convention signée avec l’Université, l’Observatoire devient alors un laboratoire de recherches scientifiques en botanique et en biologie. Il conserve cette fonction jusqu’en 1983.

La lente réhabilitation du bâtiment

En 1985, le bâtiment alors désaffecté fait l’objet d’une étude de réhabilitation autour d’un projet de musée médical et d’observatoire, qui ne sera pas réalisé. En novembre 1993, la Ville de Nantes décide de faire restaurer le manoir en vue de le transformer pour l’accueil des enfants. L’action est engagée en 1989 et les travaux ont lieu en 1996 et 1997.

Des annexes adjacentes sont construites et le bâtiment devient un centre de loisirs, reprenant le nom d’Observatoire. Il ouvre  en septembre 1997.

Le lieu accueille encore actuellement un Centre aéré et de loisirs pour enfants géré par l’Accoord. Aujourd’hui situé en bordure du boulevard des Tribunes, à proximité immédiate de l’Hippodrome, l’Observatoire bénéficie toujours d’un environnement boisé.

Amélie Decaux, Chloé Rouillon
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021

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En bref...

Localisation : 4 bd des Tribunes, NANTES

Typologie : architecture de culture recherche sport ou loisir

En savoir plus

Bibliographie

Gapaillard, Jacques, Sauzereau, Olivier, Nantes au temps de ses observatoires, Coiffard, Nantes, 2000

Gracq, Julien, La forme d’une ville, José Corti, Paris, 1985, p. 70-72

Sauzereau, Olivier, « Le "nouvel observatoire" du Petit-Port », Les Annales de Nantes et du Pays Nantais, revue de la société académique de Nantes et de la Loire-Atlantique, n° 284,‎ 2e trimestre 2002, p. 27-30

Sauzereau, Olivier, « Nantes au temps de ses observatoires », Bulletin de la société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, n°137, 3ème trimestre 2021, p. 243-253

 « Bientôt un centre de loisirs », Nantes Passion, n° 65, mai 1996, p. 26-27

 « Patrimoine : Nantes se penche sur son avenir », Nantes Passion, n° 70, janvier 1997, p. 18-19

« L'Observatoire, quelle histoire ! », supplément à Nantes Passion, n° 237, octobre 2013, p. 43

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Dossier : Plan Paysage et Patrimoine de la vallée du Cens à Nantes nord : les habitants documentent leur patrimoine

Tags

Manoir et château Nantes Nord Science et technique

Contributeurs

Rédaction d'article :

Amélie Decaux, Chloé Rouillon

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