Bandeau
26 août 1916 : défilé de soldats russes à Nantes Papotière

4497

Niches et statuettes votives


160 niches et supports sans niche ont été observés, sans être exhaustif, sur les façades d’habitation nantaises pour abriter une statuette qui représente le plus souvent la Vierge Marie, avec ou sans l’Enfant Jésus. On y trouve aussi des statuettes de saints.

Ces niches témoignent de l’importance de la foi catholique depuis le Moyen Âge jusqu’au début du 20e siècle. Intégrées dans la façade elles exprimaient la dévotion chrétienne du premier propriétaire de la maison pour la Mère de Dieu ou pour un saint particulier, d’où ce vocable de niche votive. C’était la déclinaison, pour les particuliers, des statues des églises et des cathédrales.

Les niches et les statuettes sont dispersées dans la ville sur des maisons, immeubles, portails, presbytères et maisons religieuses de Nantes, avec une plus forte densité au cœur de la ville.

Les statuettes sans niche sont posées sur un culot (ou socle), et il y a aussi des niches qui n’ont plus leur statuette.
 
Situées principalement en façade, les niches peuvent aussi se trouver à l’angle d’une rue, sur un fronton ou sur un pignon.

Certaines niches n’ont plus leur statuette d’origine mais celle-ci a été remplacée. On le voit bien quand les tailles respectives ne correspondent pas ou quand la niche abrite un tout autre sujet.

Grande diversité des niches

Les niches les plus simples sont celles dites à fleur de mur car rien ne dépasse de la façade, sauf parfois un larmier pour éloigner le ruissellement de la pluie.

Mais plus généralement, des éléments d’architecture sont ajoutés en surplomb du mur autour de la niche : le culot au pied prolonge la base de la niche et le dais au-dessus met en valeur la statuette. Ces deux éléments sont, ou ne sont pas, associés.

Les niches sont généralement situées au niveau du 1er étage, on en trouve aussi à la pointe de pignon d’habitation.

La forme de la niche est principalement en cul-de-four (arrondie avec une voûte en demi-coupole) ; d’autres sont rectangulaires avec un fond plat.

Les culots et les dais, qui vont du plus simple au plus sophistiqué, sont utiles pour les murs plus récents qui sont moins épais.

Statues, statuettes et figurines ?

Le vocabulaire est précis concernant ces sculptures : une statuette a une taille comprise entre une demi-taille du sujet (entre 80 à 90 cm pour un adulte) et 25 cm. Plus grande, elle prend le nom de statue, et plus petite, celui de figurine.

Les statuettes représentant 94% des personnages. Le terme statuettes est utilisé ci-après.

Les statuettes mariales

Elles sont aussi dites aussi « niches mariales » car ce genre de statuettes figure parmi les plus nombreux. Elles se répartissent en deux grands types :

Vierge à l’Enfant : jusqu’au milieu du 19e siècle, la Vierge porte généralement l’Enfant Jésus dans les bras ou le présente de face aux passants.
 
Vierge seule :
> Vierge en prière les mains ouvertes, debout sur le globe terrestre, à partir couramment représentée suite aux des apparitions de la rue du Bac à Paris à Catherine Labouré en 1830,
> Vierge en prière, les mains jointes, après couramment représentée suite à la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception (Marie préservée du péché dès sa conception) et les apparitions de Lourdes en 1858 à Bernadette Soubirous.

On trouve ces attitudes de la Vierge dans les quartiers reconstruit à partir de cette époque, en remplacement souvent d’anciennes demeures.

Autres personnages

Trois autres grandes figures chrétiennes se retrouvent sur les façades, avec de petites variantes dans leur posture :
> le Sacré Cœur (couramment représenté suite à l’apparition de Jésus à Marguerite-Marie, religieuse à Paray-le-Monial, en 1675),
> saint Joseph avec ou sans Jésus (bébé ou jeune enfant),
> sainte Anne avec Marie, fillette, à qui elle apprend à lire les psaumes.

Une dizaine de niches abritent un saint différent, reconnaissable à ses attributs (la palme pour les martyrs, la couronne d’épines pour saint Louis, un mouton pour sainte Germaine de Pibrac, l’ancre attachée au cou du quatrième pape saint Clément…). Enfin une statuette représente Jésus enfant seul, tenant le globe terrestre.

Les matières utilisées sont aussi diverses : sculpture sur pierre, moulage en plâtre, en ciment, en céramique, ou en métal (fonte ou laiton), majoritairement de couleur blanche, parfois polychrome.

Cas particulier des sculptures de la « maison des Carmes ou des Apothicaires »

Sur cette maison en pan-de-bois datant du 15e siècle, cinq personnages sont adossés aux montants de la façade, au niveau de l’encorbellement entre le 1er et le 2nd étage.  Ce sont donc des hauts-reliefs (et non des statuettes), placés sur un culot et sous un dais de style gothique flamboyant.

Deux personnages au moins ont la même fonction que les statuettes votives :
> au centre Jésus dit Ecce Homo, vêtu d’une tunique rouge et coiffé d’une couronne d’épines, que Pilate présente à la foule qui demande la crucifixion,

> à l’angle nord, sainte Catherine d’Alexandrie, populaire au Moyen Âge, avec la palme, attribut de son martyre au 4e siècle, et un livre car, très cultivée, elle aurait converti les 50 savants mandatés par l’empereur Maximilien pour lui faire abjurer sa foi.

Pour les autres personnages, connus par les habitants du 15e siècle, l’auteur n’a pas de certitude :
> avec une toque : Héloïse femme d’Abélard ou Marie-Madeleine au sépulcre,
> avec une couronne : Charlemagne ou Hérode,
> au sud : saint Jean le Baptiste vêtu de peaux de bête ou le commanditaire de la maison avec son écu.

Aperçu de la répartition des différentes niches votives

> 18% des niches sont vides, la statuette ayant disparu,
> 70% des statuettes représentent la Vierge (dont 1/3 de Vierge à l’Enfant),
> 9 % pour saint Joseph et 5 % pour le Sacré Cœur ainsi que pour sainte Anne,
> 16% sont des supports de statuette sans niche.

La concentration de niches votives est plus forte dans le cœur de Nantes, particulièrement autour de la cathédrale et des églises Sainte-Croix, Saint-Clément et Saint-Donatien.

Enfin deux cartes postales anciennes donnent à voir des niches votives sur des habitations aujourd’hui disparues (la place Bretagne avant le bombardement de 1943, le poste d’allumeurs de réverbère de la rue de la petite Biesse).

Deux niches, repérées sur les réseaux sociaux et abritant une imitation proche du Manneken Pis et de Casimir, ont été décomptées comme vide.

Les niches votives nantaises sont très variées par leur style, facture et leur taille, et les saints qu’elles abritent.

C’est un petit patrimoine discret des siècles passés, qui embellit les façades ou carrefours du cœur de la ville, pouvant porter à réflexion ou méditation ceux qui déambulent en levant le regard. Il mérite d’être entretenu.

Yves-Marie Rozé
2021

Aucune proposition d'enrichissement pour l'article n'a été validée pour l'instant.

En savoir plus

Bibliographie

Guépin Ange, Histoire de Nantes avec dessins de M. Hawke, Librairies Bellanger, Coiffard & G. Durance, imprimeur C Mellinet, 1838, p. 156 à 159. Article en ligne disponible ici

Leloup Daniel, Maisons à pan-de-bois de Bretagne. Histoire d'un type d'architecture urbaine, ArMen/Le Chasse Marée et éditions Ouest France, Rennes, 2002

Webographie

Plusieurs villes de Frances ont répertoriées leurs niches votives, dont Rennes, Lyon, Sarlat, etc. Lien s'ouvrant dans une nouvelle fenêtre

Pages liées

Céramiques architecturales décoratives

Heurtoirs de portes

Catholicisme

Tags

Ornement Représentation figurative Sculpture

Contributeurs

Rédaction d'article :

Yves-Marie Rozé

Vous aimerez aussi

Braconniers de l'Erdre

Société et culture

La pêche était fort active, sur l’Erdre ; si les amateurs et les professionnels s’en donnaient à cœur joie, les braconniers participaient allègrement à la fête. Gardes et gendarmes...

Contributeur(s) :Louis Le Bail

Date de publication : 09/12/2020

1015

Dans le deuxième quart du 19e siècle, la physionomie actuelle de la Madeleine est presque acquise. Preuve de son intégration réussie dans l’espace urbain, le service des Ponts et Chaussées...

Contributeur(s) :Julie Aycard

Date de publication : 08/02/2021

2021

Étienne Étiennez (1832 – 1908)

Personnalité nantaise

Le républicain Étienne Étiennez est maire de Nantes de 1896 à 1899. Pendant son court mandat, les questions sanitaires et sociales agitent le conseil municipal.

Contributeur(s) :Michaël Cattiau

Date de publication : 05/02/2020

1384