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Percy Bush (1879-1955) Cimetière de Miséricorde

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Madeleine Loukianoff (1895 – 1978)


En charge de la gestion des cités ouvrières des Batignolles, Madeleine Loukianoff a grandement encouragé la construction de la cité des Castors de l'Erdre dans le quartier de Saint-Joseph-de-Porterie.

Madeleine Loukianoff est née Madeleine Marie Henriette Houssay le 29 mai 1895 à Nantes. Elle est la fille d’un négociant de la rue du Moulin. En 1912, à tout juste dix-sept ans, elle exerce comme infirmière au Maroc. Dès le 2 août 1914, alors que débute la Première Guerre mondiale, elle s'engage comme infirmière militaire et est décorée la Croix de Guerre.

Surintendante des cités ouvrières des Batignolles

Elle suit ensuite un stage pour devenir surintendante, une nouvelle profession qui arrive tout droit de l'Angleterre. La surintendante est aux petits soins pour les ouvrières et les aide à gérer tout ce qui concerne leur vie professionnelle comme personnelle, du travail à proprement parler, en étant notamment en lien avec les contremaîtres, à la santé, en passant par la garde des enfants.

L'École des surintendantes d'usine créée en 1917 à Paris trouve souvent ses élèves parmi les infirmières. Pendant un an tout d'abord, puis deux années ensuite, les étudiantes s'y familiarisent avec le droit du travail, la psychologie, l'hygiène, la médecine, la morale et suivent un stage d'ouvrière en entreprise. Après sa formation au sein de cette école, Madeleine Houssay devient donc surintendante à l'usine nantaise des Batignolles à partir du 1er juin 1920.

Dès l'année suivante, elle a pour mission de gérer les cités ouvrières. La Société de construction des Batignolles vient de faire bâtir des maisonnettes en bois pour loger son personnel. Elle crée une filiale, la Société immobilière du Portricq, qui devient propriétaire de ces cités et elle charge Madeleine Houssay de la diriger. Avec son adjointe, l'assistante sociale Solange Viennot, elle organise le dispensaire, crée les services de protection maternelle et infantile, les cours ménagers, de gymnastique et les différentes fêtes et animations des Batignolles. Respectée des habitants des Batignolles, elle soutient aussi le Groupement de Défense laïque de Saint-Joseph-de-Porterie, composé des membres du personnel de l'usine engagés en faveur des partis républicains, des francs-maçons et de la Ligue des Droits de l'Homme. Madeleine Houssay y est nommée déléguée cantonale auprès de l'école publique. Sans se mêler du contenu de l'enseignement dispensé aux élèves, elle est chargée de vérifier que les conditions matérielles de cet enseignement soient adéquates.

Elle vit dans la cité du Ranzay et devient rapidement Madeleine Loukianoff, quand elle épouse, le 22 octobre 1928, Rostislaw Loukianoff, un officier de l’armée impériale russe, né dans une famille bourgeoise le 17 novembre 1893 à Poltava dans l'actuelle Ukraine. Il travaille ensuite à la raffinerie de Chantenay, passe un diplôme d’ingénieur-électricien, dont il ne peut se servir, puis devient photographe et s'installe route de Paris avec Madeleine. Ils se séparent en 1936, mais Madeleine Loukianoff choisit de conserver son nom.

À l’origine de la construction de la cité des Castors de l’Erdre

En 1943, la Société de construction des Batignolles nomme un gérant des cités et Madeleine Loukianoff se consacre alors aux œuvres sociales qu'elle a mises en place, notamment pour la jeunesse. En 1951, elle est aussi à l'origine d'un projet majeur : les Castors de l'Erdre. Alors que les logements en bois des Batignolles commencent à être remplacés par des immeubles et des maisons en dur, Madeleine Loukianoff entend parler d'un mouvement coopératif, originaire de Suède et qui se répand peu à peu dans le monde. Depuis 1927, ce mouvement permet aux ouvriers de construire eux-mêmes leur logement. Au mois de mai, elle réunit le personnel de l'usine des Batignolles pour en discuter. Puis, une visite est organisée à Rezé, sur le chantier de la cité des Castors de la Balinière. Rapidement convaincus, les Batignollais créent l'Association des Castors de l'Erdre le 12 juin 1951. Alors que la Société de Construction des Batignolles est plutôt axée sur la mécanique, Madeleine Loukianoff impose d'ouvrir le projet à des maçons, des menuisiers... afin de réunir les différents corps de métiers nécessaires à la réalisation des maisons.

Un groupe de cinquante-neuf familles est constitué et la Société de Construction des Batignolles propose de vendre à ces Castors le domaine du Launay, situé dans le quartier de Saint-Joseph-de-Porterie. Le chantier peut débuter et le 13 juin 1953, Madeleine Loukianoff pose symboliquement la première pierre du futur lotissement. Les Castors emménagent dans leurs nouvelles maisons le 31 décembre 1955.

À la fin de l'année 1953, Madeleine Loukianoff prend sa retraite. Devenue infirmière, son adjointe Solange Viennot lui succède. Madeleine Loukianoff décède le 1er février 1978 à Nantes. Les petits Castors des années 1950 se rappellent encore d'elle aujourd'hui comme d'une grand-mère, souvent toute de noir vêtue.

Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021

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En savoir plus

Bibliographie

Bellepomme, Bruno, Les Batignolles : 3 cités, un quartier, 1994

Le Bail, Louis, Saint-Jo et les Batignolles : histoires d'une quartier nantais, éd. Amicale laïque Porterie, Commune libre Saint-Joseph-de-Porterie, 2012

Le Bail, Louis, Batignolles. Il y a cent ans, les cités en bois, éd. du CHT, 2021

Documentation

Exposition sur l'histoire des Batignolles par l'association Batignolles-Retrouvailles

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Cités ouvrières des Batignolles

Tags

Femme célèbre Ouvrier

Contributeurs

Rédaction d'article :

Cécile Gommelet

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