Immeuble Grandjouan
L’histoire de la famille Grandjouan, depuis le 19e siècle, est étroitement liée à celle du quartier de la place de la République. Aux n° 2 et 3 de la place se dresse un immeuble construit en 1890 par un frère et sa sœur, à la demande de leur mère.
Une famille fortement implantée dans le quartier République
Vers 1835, les frères Julien et François Grandjouan quittent la ferme paternelle du Pé de Buzay (au Pellerin) pour venir s’installer en ville. François, le cadet, né en 1815, a un fils, Paul, qui sera la souche de la branche « Paul », les transporteurs au logo en fer à cheval bien connu des Nantais, qui développeront aussi une activité « jaille » et qui n’ont aucun rapport avec l’immeuble de la place de la République. Julien, l’aîné, né en 1813, s’installe avec femme et enfants dans une maison de quatre pièces avec remise, écurie et grenier, rue de la Prairie au Duc. Il est locataire. Il habitera ensuite rue Madeleine, toujours comme locataire.
En 1861, les frères Grandjouan sont propriétaires d’une maison à étages rue de La Tour-d’Auvergne mais résident dans une autre maison de la même rue, dont ils sont locataires. À cette époque, Julien est « voiturier » et son épouse « herbagère ». Un chantier de charbon leur est aussi loué place François II. En 1866, les frères auront prospéré et seront propriétaires de plusieurs biens dans ce quartier de la Prairie au Duc (aujourd’hui quartier République). Julien meurt en 1875 dans sa maison de la place François II. Sa seconde épouse décédera 18 ans plus tard, chez elle au n°2 place de la République.
Elle fait donation à ses enfants survivants, Jules et Joséphine, de plusieurs lots, dont « un terrain servant de chantier ayant façades sur la place de la République, sur le boulevard Babin-Chevaye et sur la rue Alain Barbe-Torte, ce terrain entièrement clos et d’une contenance superficielle de 4178 mètres carrés borné »…
La construction de l’immeuble
« Pour se conformer à l’obligation imposée par leur mère, ses deux enfants donataires (Joséphine Grandjouan épouse Ecomard et Jules Grandjouan) se partagent les immeubles cédés avec une façade égale sur la place de la République. » Jules et Joséphine décidèrent, selon le vœu de leur mère, de construire ensemble l’immeuble actuel de cinq étages s’étalant sur tout un côté de la place de la République. Ils en posséderaient chacun une moitié. La construction commença en 1890. La ville lui attribua les numéros 2 et 3 de la place.
Joséphine vécut jusqu’en 1947. Ses nombreux héritiers se sont partagés l’immeuble du n°2. Jules (Julien-Jules-Paul) fut propriétaire au cours de sa vie de plusieurs sociétés dont « La Loire Fluviale » qui gérait un services de dragues – que les Nantais appelaient Marie-salopes – qui suçaient et repoussaient le sable du lit de la Loire. À sa mort, il est « entrepreneur de transport » et président du syndicat des entrepreneurs du port de Nantes. Sa dernière société de transport créée en 1910 entre lui et ses deux fils Lucien et Maurice sera dissoute en 1917, après la mort de Lucien en 1915 et peu avant celle de Maurice en juin 1918. Jules mourra le 1er novembre 1918. Son épouse Marie-Louise décédera accidentellement en 1921.
De génération en génération
La veuve de Lucien, Émilie (née Moitié, fille d’Adolphe Moitié, maire de Nantes) rachète, parmi les immeubles dépendant de la succession de Marie-Louise, celui de la place de la République, au profit de ses trois enfants. Cet immeuble faisant partie du lot revenant à Lucien Grandjouan, son défunt mari.
Ses trois enfants, Lucien fils, Pierre et Simone sont adjudicataires pour un tiers chacun. Ils resteront propriétaires indivis jusqu’en 1962. Cette année-là, l’aîné, Lucien, rachètera son tiers à sa sœur Simone, et, plus tard rachètera le dernier tiers à son frère Pierre : il se retrouvera ainsi le seul propriétaire de la moitié gauche de l’immeuble (n°3), Simone et Pierre n’ayant pas de descendants. Au décès de Lucien en 1981, son épouse reste usufruitière. En 1986, elle partagera l’immeuble entre ses six enfants.
Article extrait de La Lettre de Nantes Renaissance, n°81, mai 2012
Anne Grandjouan
Nantes Renaissance
2012
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Anne Grandjouan
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