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Vezon Place de l'Édit de Nantes

869

Conseil Général


Le 14 juin 1790 se tient dans la salle des Jacobins à Nantes, la première séance de la toute nouvelle assemblée départementale de Loire-Inférieure qui, dès le 30 juin, s’installe dans l’ancienne Chambre des comptes de Bretagne. Mais le Conseil général proprement dit, né de la réorganisation administrative du 28 pluviôse an 8 (17 février 1800), ne se réunit pour la première fois que le 20 juillet 1800 sous la présidence de l’ancien maire de Nantes, Daniel de Kervégan. Il se compose de vingt-quatre membres, choisis sur une liste de notabilités par le Premier Consul, et n’a qu’un rôle limité, le pouvoir exécutif dépendant toujours du préfet.

Il faut attendre 1833 pour que les conseillers généraux (désormais 30) soient élus au suffrage censitaire et commencent à jouer un rôle non négligeable, notamment dans l’enseignement agricole ou la construction d’édifices comme l’hôpital Saint-Jacques et le Palais de justice. La révolution de février 1848 ayant instauré le suffrage universel masculin pour l’élection de 45 conseillers généraux, l’assemblée départementale est largement dominée par les notables légitimistes (les républicains n’ont que deux élus). Après le coup d’État du 2 décembre 1851 – et jusqu’en 1870 – le président du Conseil général est à nouveau nommé par le pouvoir mais l’administration départementale reste entre les mains du préfet. Malgré une courte alliance entre républicains et bonapartistes au début de la Troisième République, les légitimistes dominent toujours largement le Conseil général.

Élu en 1876 à la tête de l’assemblée départementale, le baron de Lareinty est constamment réélu à ce poste jusqu’à son décès (en 1900), comme le seront tous ses successeurs jusqu’en 1940. En raison du fort déséquilibre entre cantons ruraux et cantons urbains, l’aristocratie monarchiste est toute puissante au Conseil général : à la fin du 19e siècle, sur 45 élus, on compte 19 noms à particule dont 1 baron, 3 marquis, 7 comtes et 1 vicomte.

Il faut attendre 1919 pour qu’un socialiste (Henri Gautier) y soit élu. Mais l’assemblée départementale est toujours très conservatrice, voire monarchiste, lorsqu’elle est suspendue par le gouvernement de Vichy en octobre 1940 et remplacée par une commission administrative de neuf membres nommés.

Rétabli en 1945, le Conseil général de Loire-Inférieure demeure traditionnel, n’accueillant une première femme (Paulette Gandemer) qu’en 1961. En 1982, la décentralisation fait de Charles-Henri de Cossé-Brissac, président du Conseil général depuis 1976, le détenteur du pouvoir exécutif départemental. Très minoritaire dans l’assemblée jusqu’en 1973, la gauche gagne des sièges à chaque élection cantonale et devient pour la première fois majoritaire en 2004, portant le socialiste Patrick Mareschal à la présidence. Le socialiste nazairien Philippe Grosvalet lui a succédé en 2011. Cette victoire électorale marque la fin de ce qu’on a longtemps appelé « la Chambre des marquis » ; elle est un signe parmi d’autres des profondes mutations sociales et politiques de l’Ouest.

Depuis 1986, le Conseil général siège quai Ceineray, dans un bâtiment signé par les architectes Maurice et Paul Ferré, jouxtant la préfecture. Ses services ont ensuite pris possession d’immeubles voisins dont l’ensemble Sully 3, construit en 2011 par l’agence Forma6 dans le prolongement du cours Saint-André.

Dominique Amouroux, Jean Guiffan
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)

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Webographie

Nantes, la métamorphose d'une ville - AURAN/Ina : Élection de Luc Dejoie au Conseil Général de Loire-Atlantique

Pages liées

Christophe-Clair Daniel de Kervégan (Nantes, 1735 - Nantes, 1817)

Chambre des comptes

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Lieu institutionnel Politique

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Rédaction d'article :

Dominique Amouroux, Jean Guiffan

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