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Christiane Moreau (1906 – 2000)


Christiane Moreau est une sportive accomplie qui s’illustre au niveau national dans le basket-ball et le hand-ball. Engagée pour de multiples causes, elle est résistante lors de la Seconde Guerre mondiale et survit à sa déportation à Ravensbrück.

Une sportive talentueuse

Fille unique d’un couple d’instituteurs du Pays de Retz, Christiane Moreau fait ses études secondaires au Lycée Vial avant de devenir pharmacienne. Au sein de cet établissement, elle découvre les joies du sport sous l’impulsion d’un de ses professeurs, la dynamique Mlle Clément. L’association NAMNETA Sport est créée dans le but d’enseigner la gymnastique et le basket-ball. C’est sous dans ce dernier sport qu’elle s’illustre le plus en devenant la capitaine et surtout la meilleure scoreuse de l’équipe nantaise. Il n’est pas rare qu’elle marque plus de 50 points par match. Lors de la finale de la Coupe Decré, le 15 avril 1938, elle marque 62 points sur les 88 de son équipe. Elle est surnommée affectueusement par ses camarades : « Capi ».

Ses qualités sont vite remarquées et reconnues au niveau national. Le 12 octobre 1938, elle est sélectionnée en équipe de France pour disputer la première Coupe d’Europe de basket-ball féminin à Rome. Elle comptera quatre sélections.

Elle s’implique beaucoup dans la vie de son club en devenant secrétaire et en prenant en main les entraînements. Sous sa houlette, le NAMNETA remporte beaucoup de concours de gymnastique au niveau national.

L’engagement dans la Résistance

Quand survient la guerre, elle ne reste pas inactive et son esprit frondeur la pousse à rentrer en résistance. Elle est agent de liaison P2 dans le réseau Johnny-Ker dès le 1er novembre 1942.

Avec ses camarades sportives dont les sœurs Abraham, elle s’engage dans la résistance et surtout dans la recherche de renseignements. Elles fournissent ainsi les plans et les indications qui conduisent aux bombardements des usines de locomotives des Batignolles à Nantes.

Lors d’une soirée où elles essayaient d’obtenir des informations d’officiers allemands, elle surprend un échange de mots en allemand et s’aperçoit qu’elles sont infiltrées.
Dans sa déposition conservée aux archives municipales de Nantes et écrite de sa main, elle raconte :

« … Alors commença un périple long et compliqué qui nous mena des jours et des nuits à Redon, à Nantes, à Bordeaux, à Verdelais, dans les Landes […] Enfin une femme, Marguerite Epaud, présentée par des résistants, s’offrit à nous passer en Espagne – Elle devait nous vendre à la Gestapo et nous faire arrêter à Bordeaux le 11 mars 1944 […] Emmenées au Fort du Hâ toutes les trois, nous fûmes séparées. Je subis un interrogatoire de 7 heures et demies consécutives où j’appris que j’étais accusée d’être un agent de renseignements au service de l’ennemi et que j’étais considérée comme responsable de la mort du colonel de Gestapo Hans Bauer. Qu’en conséquence je serais fusillée mais que je devais fournir des explications auparavant […] Un mois après, avec les Abraham, je fus transférée à Rennes, prison Jacques Cartier et en août à Ravensbrück via Belfort. »

Elle en conserve les traces toute sa vie, en particulier aux pieds.

À Ravensbrück, elle travaille dans une usine d’armement. Avec l’énergie, la volonté et le courage, elle poursuit la résistance, préparant leur libération en affûtant des morceaux de métal pour faire des armes. Elle encourage ses camarades à manger les asticots contenus dans le brouet qui leur est servi afin d’y trouver les protéines nécessaires à leur survie. Le 30 avril 1945, le camp est libéré par l’Armée Rouge.

Une pharmacienne dévouée au sport et à la cause animale

À son retour à Nantes, elle reprend sa pharmacie rue de la Paix et refuse une carrière politique.

Elle décide avec son amie de créer une section féminine au sein du SNUC regroupant quatre disciplines : basket-ball, volley, hand-ball et natation.

Son équipe de hand-ball est championne de France en 1961 et participe à la première Coupe d’Europe des clubs champions.

Elle continue également de se consacrer aux animaux tout en partageant son temps entre Nantes et le Golfe du Morbihan où elle a acheté l’île de Radenec.

Jusqu’à son décès à plus de 95 ans, elle montre la même énergie, la même détermination, le même sens de la liberté et surtout le même amour des animaux qui l’a conduit à léguer l’intégralité de ses biens à la SPA. La vente de l’île fait la première page des journaux locaux. Ses papiers témoignant de son combat pendant la guerre semblent hélas avoir été dispersés.

Hervé Padioleau
2014

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Hervé Padioleau

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