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Avocats


L’histoire des avocats nantais illustre, pour l’essentiel, celle de la profession à l’échelle nationale : une hésitation constante entre tradition et modernité, un renoncement progressif aux engagements publics au profit de la vie professionnelle.

La justice pendant l’Ancien Régime

Les avocats de l’Ancien Régime représentent, avec les juges, l’élite des professions juridiques. Ils consacrent l’essentiel de leur travail à la plaidoirie, dans la mesure où la plupart des pièces de procédure sont alors mises en forme par une foule de procureurs. À la différence des procureurs, ils sont titulaires d’une licence en droit. Ils détiennent en outre parfois une charge d’avocat du roi au présidial, la principale juridiction nantaise, qui fait de son titulaire un notable éminent : trois maires de Nantes au 17e siècle exercent cette fonction, même si les élites marchandes l’emportent ensuite largement au 18e siècle.

De l’avocat au politicien

L’engagement public des avocats nantais se manifeste de manière spectaculaire à partir de la Révolution, aidé par l’art oratoire : Pierre Giraud-Duplessis et René Baco de La Chapelle sont tous deux députés aux États généraux en 1789, tous deux maires de Nantes en des moments difficiles, notamment celui du siège par les Vendéens en juin 1793. Et ce sont des avocats à nouveau qui exercent cette fonction dans des périodes décisives du 19e siècle, en 1848 avec Évariste Colombel, en 1871 avec René Waldeck- Rousseau ; un avocat encore, Georges Colombel, le fils d’Évariste, qui est le premier maire élu par le Conseil municipal, en 1882.

Mis à part le mandat de Gabriel Guist’hau, maire de 1910 à 1912, l’engagement public devient moins évident dès le début du 20e siècle. Restent quelques cas illustres comme celui d’Alexandre Fourny, avocat des « insurgés de Cayenne » en 1931 puis résistant et fusillé parmi les cinquante otages en 1941, ou encore de Gabriel Chéreau, engagé dans le logement social et contact nantais de Le Corbusier. Les positions politiques de la majorité du barreau, conservatrice voire monarchiste, sont peu conciliables avec la République radicale et le glissement à gauche qui s’opère sur le plan national et surtout local. De plus, les signes d’une professionnalisation sont visibles, qui poussent nombre d’avocats à effectuer un choix entre leur carrière politique et professionnelle.

L’évolution du métier d’avocat

La période de la Seconde Guerre mondiale, malgré le bâtonnat courageux et très actif de Yves Guinaudeau, remet en cause le renouvellement des effectifs réamorcé dans les années 1930, engendre nombre de démissions et sclérose pour partie la réflexion sur les pratiques professionnelles. Les avocats conservateurs de l’entre-deux-guerres composent majoritairement le barreau âgé des années 1950. Ils optent pour une politique de repli sur les traditions qui n’organise pas de lutte efficace contre la précarisation des premières années d’exercice et conduit à un effondrement sans précédent des effectifs (moins de 50 inscrits).

À compter du milieu des années 1960, c’est sur le plan professionnel que « modernistes » et « traditionalistes » s’opposent, dans un climat de remises en cause liées au baby-boom et aux mutations sociopolitiques. Imprimant un élan de solidarité envers des jeunes avocats plus nombreux, une génération moins conservatrice ouvre une ère de réformes. Les avocats nantais refusent le repli sur soi, acceptent l’ouverture aux autres professions (fusion avec les avoués en 1971) et envisagent l’exercice collectif plutôt qu’individuel comme éléments indispensables de la redéfinition des pratiques. Ils sont à l’initiative de la grande grève nationale de 1976 pour protéger les droits de la défense. C’est aussi l’époque où quelques jeunes avocats s’engagent, de manière parfois spectaculaire, au service de causes militantes, celle du nationalisme breton ou celle de la dénonciation du passé négrier de Nantes.

Si la démocratisation reste encore timide dans les années 1970 et 1980, tant elle fait de l’héritage professionnel et culturel un déterminant commun, la féminisation et l’explosion démographique bouleversent la profession : 86 avocats en 1976 dont 13% de femmes, 650 en 2012 dont 49% de femmes. Sur l’Île de Nantes, la nouvelle Maison de l’avocat conçue par le cabinet Forma6, tout près du Palais de justice, est depuis 2009 la vitrine de cette transformation.

Serge Defois
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)

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