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Étienne Étiennez (1832 – 1908) Passage Pommeraye

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Anciennes brasseries de la Meuse


Le succès des produits fabriqués par les brasseries de la Meuse, implantées à proximité de la carrière Miséry, symbolisaient la réussite industrielle de Nantes. Ses bières comme ses jus de fruits furent appréciés dans toute la France pendant plus de 80 ans.

Les brasseries de la Meuse

Sur les matrices cadastrales de 1837, une brasserie, tenue par René Plumard, existe sur le terrain situé en face de la carrière Miséry. En 1900, Eugène Burgelin, originaire de l'est de la France, installe sa brasserie sur une partie du site de la carrière. En 1905, les trois plus grosses brasseries de Nantes Schaeffer, Rottenbach et Burgelin, fusionnent et regroupent leurs activités à Miséry. L'entreprise devient la Société des Brasseries Nantaises, avec pour emblème un paludier. Les premiers bâtiments des Brasseries, construits par Frédéric Burgelin, se situent dans la partie ouest de la carrière. Ils comprennent des caves, une malterie, des salles de fermentation de brassage, une tonnellerie et un hangar « rince-fûts ». En bordure de la rue Joseph Cholet se trouvent les bureaux, les ateliers, la chaufferie, les bureaux, les vestiaires, le réfectoire ainsi que le parc à charbon et des garages. En 1906, les trois associés vendent une partie de leurs actions aux Brasseries de la Meuse créées en 1890 par Adolphe Kreiss, à Bar-le-Duc. Leur développement est fulgurant : les brasseries rayonnent sur 22 départements.

Papier-à-entête des Brasseries de la Meuse

Papier-à-entête des Brasseries de la Meuse

Date du document : après 1928

La fabrication et le conditionnement

En 1919, des travaux de surélévation d'une partie des bâtiments, conduits par les architectes Francis Leray et André Chauvet, sont réalisés afin de construire une nouvelle salle de brassage. En 1928, suite à l'élaboration d'un procédé innovant, le premier atelier d'embouteillage de France conditionnant la bière est mis en place à Miséry : 200 000 bouteilles sortent quotidiennement des chaînes. La même année, la canetterie est édifiée dans le fond de la carrière sous l'école des garçons des Garennes, ainsi que la limonaderie, le long de la voie. C'est une grande halle en béton avec des bas-côtés et une structure composée de fermes métalliques ajourées avec une partie de verrière au faîtage. La main-d’œuvre est essentiellement féminine. L'orge utilisée pour la fabrication du malt provient de la Mayenne, de la Sarthe, du Maine-et-Loire, de l'Indre, de Beauce et de Champagne. Les brasseries font elles-mêmes leur malt et disposent d'une malterie pneumatique. Parallèlement à la fabrication de cinq types de bière (le Petit Bock, le Paludier, la bouteille de table, La nourrice des nourrices, la bouteille export), une chaîne met en bouteilles, limonades, sodas et sirops commercialisés sous la marque « Les Couronnes ». Des chercheurs mettent au point, en 1938, les jus de fruits Vivor : orange, pamplemousse et ananas, des fruits dont le port s'est fait une spécialité.

Construction de la canetterie des Brasseries de la Meuse

Construction de la canetterie des Brasseries de la Meuse

Date du document : 1928

La politique sociale de l'entreprise

À la pointe du progrès technique, les Brasseries Nantaises ne sont pas en reste en matière d’œuvres sociales. En 1896, Frédéric Burgelin crée une caisse de secours pour ses ouvriers. Puis, avec la croissance de l'entreprise, la Direction met en place de nouveaux services. Des maisons d'habitation sont construites rue de la Poignée ainsi qu'une crèche. Une infirmerie est ouverte et, chaque semaine, les salariés et leur famille peuvent s'y rendre pour des consultations gratuites. Une salle de douche est mise à disposition du personnel qui peut, de plus, bénéficier de prix avantageux sur des produits de première nécessité, par l'intermédiaire d'une coopérative.

Les années 1940-1950

Soucieuse de trouver de nouvelles sources d'approvisionnement en eau, la direction fait creuser en 1938-1939, un puits, mais l'eau révèle une trop forte teneur en fer et s'avère impropre à la fabrication de la bière. Elle sert cependant à celle des jus de fruits et est commercialisée, à partir de l'été 1942, en eau gazeuse « la Duchesse Anne ». Pendant la Seconde Guerre mondiale, les approvisionnements en agrumes sont suspendus ; la gamme de jus Vivor utilise les fruits locaux : fraise, cassis, groseille, framboise et raisin. L'usine fabrique alors du cidre pour parer aux manques de houblon et d'orge. La malterie, avec son toit en béton très épais, sert parfois d'abri en cas de bombardement et abrite les ouvriers et les habitants du quartier. Au début des années 1950, les Brasseries de la Meuse sont considérées comme l'une des brasseries les plus importantes de France. L'usine emploie plus de 50 personnes en saison, l'année 1953, et vend en moyenne 500 000 bouteilles par jour.

Sortie d’usine aux Brasseries de la Meuse

Sortie d’usine aux Brasseries de la Meuse

Date du document : Début du 20e siècle

La fermeture

Le déclin de la consommation de bière et le rachat de l'usine par le groupe BSN-Gervais-Danone signe l'arrêt de mort de l'usine qui ferme ses portes, au cours de l'été 1985, malgré de vives protestations. L'usine est détruite en 1987. Puis, en 1995, ce sont le grand hall et le chalet de réception qui disparaissent à leur tour du paysage. Dans le cadre du projet urbain Bas-Chantenay, un nouveau parc public a été aménagé dans la partie ouest de l’ancien site industriel. Le Jardin extraordinaire et ses quelques 200 espèces végétales s’inspire des romans de Jules Verne.

Frédérique Le Bec
Région Pays de la Loire, Inventaire général ; Direction du Patrimoine et de l'Archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2012 (mis à jour en 2022 par Noémie Boulay)

Aucune proposition d'enrichissement pour l'article n'a été validée pour l'instant.

En savoir plus

Bibliographie

Bloyet Dominique, « L'histoire des brasseries nantaises », Les dossiers de la mémoire, C.M.D., Nantes, 2000

Kemener Yann-Ber, Bières et brasseurs de Bretagne, traditions et renouveau, 1995

« Les perrières de Miséry en Chantenay », Chantenay hier et aujourd'hui, Les Annales de Nantes et du Pays Nantais, n° 206, 1982

« Les vieilles affaires nantaises : Les Brasseries de la Meuse », Union Maritime de la Basse-Loire, n°31, octobre 1953, p. 51-54

Société des Sciences Naturelles de l'Ouest de la France, Carrière de Miséry, 500 ans d'histoire nantaise, Place publique, Joca Seria, n° hors série, 2018

Webographie

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Agroalimentaire Architecture industrielle Bellevue - Chantenay - Sainte Anne

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Rédaction d'article :

Frédérique Le Bec, Noémie Boulay

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