Ancien marché Lamoricière
Les familles qui fréquentent aux beaux jours le square de la place René-Bouhier peuvent-elles s’imaginer qu’au même endroit s’élevait autrefois un marché couvert ? Une petite halle de Baltard à la nantaise…
En 1891, un ensemble de terrains et de constructions appartenant à la famille de Saint-Pern sur la place Lamoricière et aux abords sont mis aux enchères publiques. La Ville saisit l’occasion et se porte acquéreur. Ces terrains lui permettront de reprofiler la place en prolongeant les rues et d’établir, sur une large parcelle en forme de trapèze, un marché réclamé de longue date par les élus du secteur et les habitants de ce quartier proche du port.
On n’envisage pas pour autant une construction définitive, qui serait une « grosse dépense », mais une simple clôture et « quelques auvents de bois ». Deux ans plus tard, le nouveau maire, l’industriel Alfred Riom, voit plus grand et fait dresser les plans d’une construction métallique couvrant environ 572 mètres carrés et contenant 60 places. Le chantier débute en 1895 mais rencontre des difficultés techniques liées à la présence souterraine de la Chézine.
En 1907, après dix années de fonctionnement, le marché Lamoricière végète. Les clients sont rares et les étals peu nombreux malgré des droits de place moins élevés qu’ailleurs. Seuls les vendeurs installés à l’extérieur, bimbelotiers, merciers, marchands des quatre saisons et producteurs de la campagne, tirent leur épingle du jeu. La municipalité propose d’ouvrir deux nouvelles portes de part et d’autre de l’entrée principale. Mais l’insuccès se confirme. Il est même un temps question de transformer la halle en lavoir public.
Dans les décennies suivantes, le marché Lamoricière survit sans jamais vraiment sortir de sa torpeur. Entre les deux guerres, il devient chaque soir à la belle saison une sorte de criée à la sardine où les petits marchands ambulants viennent s’approvisionner. Le marché résiste aux bombardements de 1943, mais n’en a plus pour longtemps. Complètement délabré et toujours aussi peu fréquenté, il est abattu en 1945 dans une quasi-indifférence.
Un jardin pour enfant
En 1949, la Ville commence à réfléchir au réaménagement de l’espace libéré en jardin d’enfants. Ce dernier ouvre en 1952. Jusqu'en 1978, ce jardin public sera d’abord banalement appelé « square (de la place) René-Bouhier ».
Lorsque la municipalité Chénard décide de lui donner la dénomination de « square du 19 mars 1962 », date du cessez-le-feu en Algérie au lendemain des accords d’Évian, une vive polémique éclate au sein des associations d’anciens combattants, au point que la plaque sera en partie arrachée par « trois parachutistes offusqués ». La municipalité Chauty, élue en 1983, s’était engagée à « réparer l’outrage ». Le square est donc débaptisé et porte depuis le nom de « square des Combattants d’Afrique du Nord ».
Philippe Bouglé
Groupe Mémoire
2015
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Bibliographie
Archives de Nantes, Du quai de la Fosse vers Mellinet-Canclaux, coll. Quartiers, à vos mémoires, Nantes, 2016
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Rédaction d'article :
Philippe Bouglé
Témoignage :
Jean-Claude, Nicolas
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