Ancien domaine de Grillaud
Au cours des siècles, le domaine de Grillaud fut la propriété de familles issues de la noblesse bretonne, puis de la bourgeoisie nantaise. Au 19e siècle, le terrain est morcelé pour laisser place à des habitations.
Grillaud n’était pas une seigneurie avec droit de justice mais simplement un « lieu noble » et l’on parlait des « sieurs » – et non des seigneurs – de Grillaud.
Cette terre noble d’une étendue de 36 hectares, était limitée au sud par les bois et le rocher de Grillaud ; à l’est par un étang recevant les eaux du Rû des Renardières, qui marque la frontière avec le domaine voisin de la Musse ; au nord par une métairie et une grande allée descendant à la Chézine ; et à l’ouest par la Marzelle de Grillaud.
Une résidence pour la haute société nantaise
Le premier sieur de Grillaud connu est Jean Le Boursier, cité en 1428. À la fin du 15e siècle, le domaine passe dans l’orbite des Sesmaisons, seigneurs de la Saulzinière, qui le revendent un siècle plus tard à un garde des monnaies et capitaine de la milice bourgeoise de Nantes. Au 17e siècle, Perrine du Molay en est la propriétaire pendant une cinquantaine d’années au cours desquelles le manoir est reconstruit et ses abords aménagés.
En 1680, la terre est acquise par un banquier, Gabriel Michel. Fils d’un marchand drapier, ce dernier a intégré le milieu des négociants en épousant Françoise d’Espinoze, issue d’une célèbre famille de marchands espagnols implantés à Nantes depuis la fin du 15e siècle. Des quatorze enfants de cette union se détacheront deux branches : les Michel de Tharon, dont Gabriel II, directeur de la Compagnie des Indes et constructeur du Grand-Blottereau, et les Michel de Grillaud. Ces derniers exercent le commerce à Nantes et à Bilbao. De cette lignée, François Michel, prieur de Grillaud, est le seul à habiter le manoir, jusqu’à son décès en 1750.
À cette époque, la « maison noble » de Grillaud comprend maison principale, boulangerie, pressoir, cellier, écurie, colombier et refuge à pigeons, cour et jardins. Le logis occupe la partie orientale d’un ensemble de bâtiments en U.
En 1780, Grillaud est vendu à un riche négociant nantais, Jean-Charles Leroux des Ridellières qui le conserve jusqu’à son décès en 1792. Son petit-fils, Charles Leroux de Commequiers, armateur et propriétaire d’une plantation à Saint-Domingue, est maire de Chantenay dans les années 1820. Mort sans enfant en 1861, il lègue ses biens à ses deux nièces Euphrasie et Marie-Olympe de Monti, qui peu à peu aliènent le domaine de Grillaud.
La conversion du domaine en lotissements
Dans la deuxième moitié du 19e siècle, le vaste domaine de Grillaud est morcelé, donnant naissance au quartier résidentiel d’aujourd’hui. Les deux héritières, Euphrasie et Marie-Olympe de Monti, se dessaisissent de grandes parcelles que des investisseurs – Alaberte, Rabu, Poulain et Bonnefoy – revendent par lots.
De ce morcellement, trois grands lotissements émergeront autour des avenues du parc de Procé, Maisdon-Pajot et Caillette.
Philippe Bouglé
Groupe Mémoire
2013
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Bibliographie
Archives de Nantes, Autour de la place Émile Zola, coll. Quartiers, à vos mémoires, Nantes, 2013
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Rédaction d'article :
Philippe Bouglé
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